Le Nigérien de la semaine : M. Altiné Amadou Belko
Un destin qui vous fait endosser votre fonction actuelle de Directeur des Systèmes d'Information CreditInfo Volo (BIC-UEMOA) ? Parlez-nous-en ! De quoi retourne-t-elle ? Qu’est-ce qu’elle implique ?
Effectivement, je dirige actuellement la Direction des Systèmes d'Information du Bureau d'Information sur le Crédit (BIC) de l'UEMOA (Union Monétaire Ouest Africain).
Je travaille avec plusieurs équipes composées de plusieurs nationalités ouest-africaines. Et nous avons, mes équipes et moi, mis en place le premier modèle sous-régional de BIC, afin de faciliter l'inclusion financière dans l'Espace UEMOA supervisée par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
Nous collectons sur la base du consentement des clients, toutes les données de crédits mis en place par les institutions financières et également, les factures des grands facturiers (eau, électricité, télécoms) ; afin de les mettre à disposition des banques, établissements financiers, systèmes de finances décentralisées, etc.
De fait, notre rôle consiste à leur permettre de mieux connaitre leur client, dans le but de réduire les risques liés aux crédits octroyés et aussi, de mieux se protéger, grâce au rapport de scores et de crédits que nous leur fournissons.
Nous permettons également aux clients ayant une bonne notation de se voir octroyer des crédits avec de meilleures conditions.
Cela prouve à quel point, votre apport est une plus-value. Alors dîtes-nous : en quoi votre parcours d’Ingénieur en Informatique, influence la qualité de vos services ?
Grace à mon parcours d'Ingénieur en Informatique je parviens à insuffler un sens du détail absolument capital, autant dans le milieu des Télécoms, que Bancaire et de la Sécurité de l'Information. Je fais donc bénéficier à mes équipes issues de toutes formations (ingénieurs pluridisciplinaires en sécurité, télécoms, gestion de bases de données, etc.) ; une expérience basée sur l’efficacité des résultats, et la précision absolue, afin que nos travaux puissent être le plus le plus crédible possible.
C’est d’ailleurs ce qui nous a permis d'installer la plateforme technique supportant les services du BIC avec toutes les normes requises, et les meilleures pratiques du management de la sécurité de l'information.
Et grâce à ce projet, nous avons fait évoluer la notation au Doing Business de la Banque Mondiale de plusieurs pays. Notamment la Côte-d'Ivoire, le Niger, le Togo, le Sénégal et bientôt le Mali, le Burkina-Faso et le Benin, qui facilitent le cadre juridique de collecte des données dans leur pays.
Mais dans ce cas, comment faîtes-vous bénéficier particulièrement cette expertise et ces compétences que vous avez, à votre pays le Niger ?
Essentiellement à travers des recommandations avisées, à travers des propositions techniques, qui sont censées contribuer à améliorer notre positionnement.
Par exemple, récemment, nous avons été écoutés par les autorités nigériennes en ce qui concerne, nos conseils pour le volet « Obtention prêt » du Doing Business au Niger. Et nous sommes ravis que nos suggestions aient été prises en compte par M. ALMA Oumarou, Président du Dispositif mis en place par le gouvernement du Niger (Dispositif Institutionnel d Amélioration et de suivi du climat des affaires), Le Ministère des Finances cellule chargé des crédits et autorité de tutelle ; du Secrétaire Permanent du Haut Conseil pour l'Investissement au Niger (HCIN), M. WARGO Aboubacar ; appuyé par le PRACC dont le Coordonnateur est M. MAMANE Laouali.
Nous avons justement, ensuite été invités en Décembre 2018, par le PRAAC, à travailler sur les données du Niger et à atteindre les objectifs du Doing Business.
Ainsi, grâce à la coordination de M. LAWAN, de M. WARGO Aboubacar, de M. Diabri Samba du Ministère du Commerce ; nous sommes parvenus à faire en sorte que le Niger devienne le 4ème pays à atteindre les objectifs fixés.
C’est donc comme cela, que je fais bénéficier au Niger mes compétences : en apportant mon grain de solutions, en contribuant à les rendre opérationnels sur place, en œuvrant à les mettre en place avec des compétences du pays, et en confiant leur aboutissement aux bonnes personnes. Et quand j’y parviens, je suis fier, parce que je sais que je contribue à la réussite de mon pays d’une façon ou d’une autre.
Vous qui avez un regard précautionneux et extérieur, comment percevez-vous, la situation de l’Informatique au Niger ?
De mon point de vue, l'Informatique reste encore quelque peu embryonnaire au Niger. Nous sommes toujours au niveau de la fourniture du matériel, de la maintenance et de la formation pour les métiers bureautiques, et de messageries.
Il manque les prérequis pour attirer les grandes entreprises internationales d'informatiques. Il manque également une politique nationale dans le domaine, surtout orientée vers la sécurité de nos données.
Jusqu'à ce jour, seuls les projets télécoms des opérateurs ont contribué à améliorer certains prérequis en ce qui concerne les systèmes informatiques à même de faire progresser les qualités de transmission des données et leur sécurité.
Mais jusqu’ici, pas de projets sur les services de Datacenter, de Cloud, et plus encore ; le développement des contenus offerts par les prestataires informatiques sont limites et limités. Nous avons donc beaucoup de challenges à relever.
A votre avis, quelles pourraient alors être les pistes de solutions à explorer pour améliorer cet état de choses ?
Dès lors que les autorités de protection de données à caractère personnelles exigent que l’ensemble des données propres à un pays dans lequel elles voudraient s’installer, soient hébergées dans ledit pays, ou tout au moins, dans la sous-région ; il faudrait que le Niger, pense à se doter d’une centrale d’hébergement, pour favoriser la conservation sur place, de ses différentes données informatiques.
Ensuite : des centres de recherche pour le développement de l'informatique doivent être installés dans chaque ville dès maintenant, et cela avec des projets informatiques en phase avec les orientations stratégiques de l'Etat.
Il serait aussi convenable (et cela fait partie de mes rêves les plus chers pour mon pays), que le Niger se dote de boîtiers de sécurité conçus et fabriqués par des ingénieurs nigériens ; afin de protéger l'information nationale dans toute structure ayant un réseau informatique.
Le Niger doit également avoir un plan stratégique national durable pour les solutions informatiques surtout en termes de logiciels conçus par les centres de recherche que je suggérais qu’on installe au bénéfice de l'Etat.
Et il y a d’autres pistes explorables. Je pense que commencer par celles-ci serait déjà un pas en avant, et une belle adaptation aux évolutions de l’époque.
En attendant que l’Etat apporte sa contribution, envisagez-vous en tant que particulier, des projets informatiques pour le Niger ?
Oui tout à fait ! En plus, de continuer à partager les meilleures pratiques informatiques du reste du monde avec les nôtres au Niger ; j’ai l’intention de développer avec mon entreprise, des projets allant dans le sens de la formation des Nigériens. Je songe également à l’installation d’un Datacenter privé. Il s’agit là, de l’un des prochains projets prévus par l'entreprise au Niger.
A propos de votre entreprise, pourriez-vous nous détailler les différentes autres actions nationales et internationales que vous menez ?
Avec mon entreprise, je contribue au développement du Niger à travers les plans d'actions sur-mesure réalisés pour le pays, dans le projet BIC de l'indicateur « Obtention prêt » de la Banque mondiale pour le climat des affaires dans le monde.
Grace à nos conseils apportés aux autorités nigériennes, d'énormes avancées seront constatées dans le rapport DB 2020. Notamment pour ce qui relève de l’adaptation de la codification du registre de commerce du Niger à celui de l'OHADA, des conseils sur la mise en place de l'identification unique au Niger, etc.
Sur le plan international en particulier dans la sous-région, nous assistons les pays à améliorer leur indicateur au Doing Business (je l’avais déjà évoqué), à travers des conseils adaptés à leur projet.
Nous faisons également bénéficier à toutes les entreprises ouest-africaines, de notre expérience en IT à travers l'entreprise West Africa Information Technologies que j'ai créé et qui est géré conjointement avec d’autres compétences ouest-africaines.
Quel est votre sentiment, par rapport à la volonté de jeunes Nigériens désireux de se lancer dans des études universitaires en informatique ?
Très bon choix ! Notamment en termes d’ouvertures après leurs études, en termes d’opportunités à saisir, et aussi en termes d’utilité pour leur pays. Plus nous aurons des jeunes allant dans ce sens, mieux ça vaudra pour améliorer la situation du Niger en Informatique.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Nigériens qui vous considèrent tel un modèle ?
La jeunesse actuelle doit comprendre les principes fondamentaux pour développer une carrière appréciable. Il ne faut jamais se baser sur la recherche du résultat immédiat. Il faut choisir un métier pour ce qu’il vous apportera à long terme.
Il ne faut surtout pas écouter les clichés, qui réservent les meilleurs postes aux enfants des ministres ou des hommes de l'Etat. Mais plutôt développer sa carrière en regardant l’avenir, en allant toujours de l’avant. Il faut être visionnaire, ne jamais baisser les bras et arrêter de dire à chaque fois que vous rencontrez une difficulté, que vous n’y arriverez pas. Ayez conscience que comme toute chose : ça aussi, ça va passer.
La jeunesse doit comprendre qu'il faut capitaliser tout ce qui est expérience à chaque niveau et viser un niveau supérieur. Prenez les bons exemples, mais aussi souvenez-vous, que votre premier bon exemple peut venir de nulle part pour servir de référence. Alors, peu importe d’où vous venez, ayez les bonnes pratiques afin de servir un jour de bon exemple pour les générations à venir.
Le prophète Joseph Anab Youssouf est parti du trou (un puits à souris), pour devenir le puissant roi d'Egypte. Il a été pourtant vendu en tant qu'esclave par ses propres frères ! Mais si avec le temps, il a été élevé au rang de roi, c’est en raison de ses actes et de sa bravoure nés de la pureté de son cœur comme de son désir d'apporter un plus dans la société. J’incite les jeunes nigériens à s’en inspirer fortement.
Un mot de fin ? Un appel à lancer aux nigériens ?
Je crois fermement au développement du Niger. Nous avons les atouts et les capacités pour. Je prie donc Allah, le Bon Dieu, de nous accompagner dans notre accomplissement, et de protéger le Niger dans son élan à aller de l'avant. Qu’Il nous guide et qu’Il inspire tous les Nigériens à s'aimer, à se pardonner, à penser d’abord et toujours à l'intérêt commun. Que tous les Nigériens, gardent à l’esprit que nous sommes une même famille et donc, quelles que soient nos divergences ; il nous faut travailler à la cohésion, et l’épanouissement au sein de notre famille.
J'invite alors, l'ensemble des Nigériens à comprendre que nous avons besoin de développer davantage un esprit collectif. Car, une seule nation, pour des citoyens qui sont ensembles, chacun dans sa compétence, c’est cela qu’il nous faut pour construire le Niger. J’y crois, et nous y arriverons !
M. Altiné Amadou Belko I
Réalisée par Boubacar Guédé
04 mars 2019
Source : https://www.Nigerdiaspora.Net