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Le Nigérien de la semaine : M. Agali MAINASSARA TOMBOLOGI

Agali Mainassara 06Toujours animé par mon désir d’évoluer, j’ai saisi une autre providence divine pour un orphelin désespéré que m’offrait le projet Sida/SIM pour être gestionnaire comptable jusqu’à la clôture des activités en 2003. C’est en ces moments que j’ai bénéficié d’une prise en charge financière professionnelle pour étancher mon besoin des études et obtenir un diplôme de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) option Comptabilité et Gestion des Ressources Humaines en 2003. Je faisais parallèlement une formation au centre culturel Américain où j’ai obtenu le TOEFEL .

Alors pour permettre à mes enfants de ne pas vivre le calvaire vécu, j’ai décidé en accord avec ma femme de nous installer en France le 15 juin 2005. En France j’ai enfin réalisé mon rêve et obtenu un Bac-pro compta, BTS AG PME-PMI, TOEIC et plusieurs autres formations au Centre d’Expertise Comptable-Audit KPMG en Gestions Financières, Paie et DRH qui m’ont permis de renforcer mes compétences professionnelles.

J’ai eu la chance d’intégrer le Centre de Gestion Partagé de la multinationale Capgemini qui comptait plus de 950 employés en qualité de comptable avant d’évoluer comme Responsable Administratif et Financier du STU-ALHU qui gère plus de 412 employés et qui gère le traitement du 112, 18, 17, 15, de l’Office Français de l’Immigration et d’Intégration (OFII), des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) etc.

Quelque chose vous a poussé vers la finance et la politique en France?
Agali Mainassara Mon profil ne m’a donné aucun choix pour saisir l’opportunité qui m’a été offerte d’évoluer dans le domaine de la gestion financière des PME-PMI. C’est encore une main divine tendue à l’orphelin !

Au Niger, je me suis toujours intéressé à la vie associative depuis mon collège. Ainsi, après la conférence nationale de 1990-1991, dès la création du PNDS, j’ai été parmi les premiers adhérents où j’ai été en 1992 président de sous-section en création du quartier Madina 2 (côté quartier Dan Gao). Ceux qui nous dispensaient des cours de démocratie étaient Messiers Mohamed Bazoum, Foumakoye Gado et Adam El Back. J’ai arrêté la politique la même année après ma conversion au Christianisme.

En vivant dans l’hexagone, j’ai naturellement jugé nécessaire d’être utile dans ma commune d’adoption. J’ai d’abord été un acteur de mon quartier où j’ai été à l’initiative de la création d’un espace dédié au loisir de pétanque inaugurée par l’ancien maire de Villefontaine en 2007.

Agali Mainassara 02J’étais bénévole dans la maison de quartier où je dispensai des cours de soutien aux élèves en difficulté en anglais et français.

Le fameux contesté projet des socialistes « mariage pour tous » pendant la campagne présidentielle de 2007 m’a décidé comme père de famille à faire entendre ma voix dans un parti. C’est en ce moment que j’ai adhéré en 2007 au parti UMP à l’époque.

Tout naturellement, j’ai intéressé l’équipe municipale qui m’avait proposé de les rejoindre en vue d’organiser les municipales de 2008.

Des années plus tard, mon engagement m’a valu d’être élu membre avec le 2ème score sur 17 candidats dans les élections internes du parti au poste de délégué de la 10ème circonscription du Nord – Isère.

Aux élections municipales de 2014, notre liste a remporté la mairie de Villefontaine faisant de mois le premier ressortissant nigérien élu en France. Je suis à présent avec 2 mandats dont le 1er au titre de conseiller municipal délégué et le 2ème comme conseiller CAPI et membre de la commission cohésion sociale et hébergement. Je suis également dans plusieurs commissions où j’apprends beaucoup sur la gestion des communes tout en acquérant de l’expérience sur l’aménagement des territoires, des départements et des régions.

Notre parti « Les Républicains » a d’ailleurs remporté la majorité des communes dans le Nord – Isère et gère par conséquent la présidence du département et de la Région.

Sachant que je suis d’origine Nigérienne, j’ai vécu des moments intenses de discussions avec mes amis députés, sénateurs et autres cadres de l’UMP sur la démocratie au Niger pendant le « Tazartché ». J’étais très irrité par les conséquences d’un tel acte sur la population. En concertation avec Messieurs Issoufou TAMBOURA et Ibrahim KOMMA du MNSD, j’ai accepté de prendre en 2010-2011 la présidence de la section MNSD-France afin de redynamiser le parti en France. J’ai dû donc remobiliser la diaspora à travers toute la France pour convaincre. J’ai quitté la présidence du MNSD le 29 mai 2016 après les élections présidentielles du Niger pour me consacrer à mon investiture pour les élections municipales de 2020 par le parti « Les Républicains ».

Agali MainassaraJ’ai atteint mon objectif de rassemblement pour le parti car la section du MNSD-France existe à nouveau et brille encore en France et en Europe.

J’ai quitté ainsi la politique Nigérienne pour me rendre disponible pour le pays que je considère digne de servir. Seul l’intérêt National me préoccupe désormais !

J’ai rencontré beaucoup de hauts responsables du pays pour exposer ma disponibilité à construire avec patriotisme.

Nous pouvons maintenant parler de vos expériences professionnelles nationales et internationales ?
C’est avec le projet SIDA/SIM que j’ai cumulé la majeure partie de mes expériences professionnelles au Niger. La SIM possède un Hôpital de Référence situé à Galmi. Cela a permis à nos activités d’aboutir à la mise en place du 1er réseau de personnes vivant aves le VIH. J’ai eu l’occasion de voyager à travers tous les départements, villages du Niger pour mener des actions de sensibilisation. J’ai été à une certaine période point focal entre le Programme National de Lutte contre le Sida et le Projet SIDA/SIM. J’ai participé à la production du 1er cadre stratégique de lutte contre le Sida à Kollo sous le directorat du Dr Bagnou et la présidence du coordonateur national Monsieur Jules OUGUET et le Colonel médecin Mounkaila Kadri. Je retiens également plusieurs voyages de plaidoyer dans plusieurs pays en Afrique et en Europe.

Agali MainassaraAprès une mission stratégique en 2003 sur le thème des antirétroviraux pour la Banque Mondiale dans plusieurs pays d’Afrique, j’ai collaboré au cabinet du 1er ministre sous la responsabilité de Feu Ousmane BOUKAR, ancien ministre plusieurs fois pour organiser la restitution au niveau communal et national. J’étais le plus jeune de la délégation composée d’anciens ministres et de médecins en activité.

En fin 2004 début 2005, j’ai été directeur général adjoint du cabinet CAP2020 de Ibrahim KOMMA chargé d’organiser des conférences sur le sida, la lutte contre les scarifications et l’excision qui ont été ciblés comme facteur de propagation du virus du sida. J’ai dû quitter le cabinet en juin 2005 pour m’installer dans l’hexagone.

Arrivé en France, j’ai travaillé pour le Conseil Régional en qualité d’assistant d’éducation comme professeur d’anglais pour les classes de 5ème et 4ème dans un collège en septembre 2005. Donc, pendant une année scolaire j’ai joué au professeur.

Il faut relever que les diplômes étrangers ne sont pas reconnus en France. Après avoir fait valider quelques compétences de gestion comptable, j’ai eu l’opportunité d’être embauché par la multinationale coté en bourse « Capgemini » en qualité de comptable.

En 2009 j’ai eu la chance d’être recruté par STU-ALHU de Vienne où j’ai été d’abord assistant de gestion, puis responsable administratif et financier jusqu’à fin 2016 où j’ai crée en février 2017 mon entreprise «  CABINET ELIT SAS » qui a repris les dossiers de STU-ALHU en réorganisation profonde.

Des choses vous ont marquée dans ce parcours ?
Agali Mainassara
Mon parcours atypique est un parcours normal d’un orphelin sans aucune aide ni ressource mais animé par   la seule volonté de réussir. Je suis de nature optimiste. Le manque de moyen financier m’a été très handicapant dans ma volonté de poursuivre un cycle scolaire linéaire sachant que j’en avais la capacité intellectuelle. J’ai eu des hauts et des bas comme tout le monde. J’ai déploré le manque de structure d’accompagnement socio-éducatif en aide aux orphelins. Mon père m’a beaucoup manqué car je me suis senti toujours seul face aux grands bouleversements de ma vie d’adolescent et professionnelle, jusqu’à mon mariage en 1995. Je mets tout ça à l’actif de l’expérience de la vie.

Vous avez dû faire face à des difficultés ?
Les difficultés sont incontournables pour un noir originaire d’Afrique. Le premier obstacle est de démontrer par le travail mes compétences. J’ai hérité d’un service qui s’est grippé depuis 1997. Il fallait trouver un style d’organisation pour redynamiser le fonctionnement des organes administratifs et de coordination. Repenser l’organigramme et mettre en place des axes de collaboration entre l’offre et la demande.

J’ai géré des regards déplacés, des paroles déplacés, …le racisme quoi ! Un phénomène, que vit toute personne d’origine noire, de manière très hypocrite aussi bien dans le monde politique que professionnel. Il faut continuellement rester vigilant pour forcer la considération par le travail et l’exemple.

Des portes qu’ouvre le statut de Cadre Nigérien, de Responsable Administratif et Financier en France ?
Malheureusement aucune porte ne s’ouvre à un diplôme Nigérien en France. L’obligation de faire des démarches pour faire des équivalences et faire reconnaître ses diplômes s’impose à tous les cadres de tous les pays.

Le système Français ne reconnait aucun diplôme étranger. Le statut de cadre Nigérien n’échappe pas à ce fait.

Je suis soulagé de voir que même les diplômes obtenus en Europe n’échappent pas à la règle. Seuls ceux qui sont basés sur des Référentiels de l’Union Européen sont reconnus.

 

Quelles sont les valeurs qui vous ont guidé ?
Agali Mainassara
Les valeurs de travail, de rigueur, de persévérance et d’honnêteté ont toujours été le leitmotiv dans tout.

Quels constats faites-vous aujourd'hui de la situation de la gestion financière dans l’administration au Niger et en Afrique ?
Je crois que je suis très mal placé pour donner des leçons à la gestion financière dans l’administration du Niger mais aussi en Afrique.
Dans ces pays, il y’a beaucoup de compétences en tout genre. Il suffit simplement de placer les compétences sur les postes clés qui jouent sur les indicateurs de performances identifiés dans chaque administration.

Mon constat est celui de toute la diaspora qui rêve de voir émerger nos pays d’origines par une gestion efficiente dans la transparence et la discipline des textes.

Vous avez surement des propositions de solutions, des projets ou plans pour le développement et le rayonnement de la « gestion  dans  l’administration au Niger »?
Agali Mainassara 03
Personne ne peut parler de proposition de solutions sans d’abord évoquer le besoin d’une prise de conscience générale et patriotique du travail comme référence.

Depuis des années, les solutions existent et tout le monde le sait. Il suffit juste de se donner la peine et la volonté de mettre L’INTERET NATIONAL comme PREMIERE PREOCCUPATION et contribuer ainsi au développement du pays, chacun à son niveau de responsabilité.

Nous sommes entourés d’exemples de pays qui émergent à l’œil nu sur le continent. Le secret est la rigueur du travail dans les administrations, la culture du résultat et l’honnêteté dans la gestion du bien publique. Chacun a le devoir de se poser la question de son utilité de manière concrète pour le changement de mentalité. Le temps est très court pour continuer à sacrifier des générations entières simplement pour des privilèges injustes aux conséquences désastreuses.


Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle ?
Moi un modèle ? Je suis surpris par cette question. Je ne crois pas que je sois un modèle. Mon parcours est un encouragement à l’optimisme. Tous les orphelins du Niger peuvent voir dans mon parcours une volonté de ne pas céder aux obstacles de la vie et réaliser leurs rêves.

Si on vous demandait un mot de fin, ce serait laquelle ?
Je ne peux pas finir mes propos sans remercier sincèrement et très cordialement toute l’équipe de Nigerdiaspora . Merci pour l’opportunité que vous m’avez donné de m’exprimer !
Bonne année 2018 à toute la diaspora et au peuple du Niger !
Que Dieu bénisse le Niger !
M. Agali MAINASSARA TOMBOLOGI   I   Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Réalisée par Boubacar Guédé

06 janvier 2018
Source : http://nigerdiaspora.net/