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Le Nigérien de la semaine : Dr Hamidou Mamadou Abdou

Mamadou A Hamidou 01Dr Hamidou Mamadou AbdouComment souhaitez-vous vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora?

Je suis un nigérien du Monde, qui essaie de préserver la bonne réputation des nigériens partout où je passe. Ingénieur conseil, père de famille de cinq enfants, résident depuis 24 ans au Canada, je travaille dans une trentaine de pays.


Quel a été votre parcours académique?
Bien que né à Niamey, je suis entré à l’école primaire à Konni. Au gré des affectations de mon père, homme en tenue, ma scolarité du primaire s’est poursuivie à Tahoua, Gaya, Dosso, et Keita. Par la suite, j’ai fréquenté les CEG à Tahoua, Niamey, Tillabéri, et le Lycée Amadou Kouran Daga de Zinder où j’ai obtenu un Bac C. Il faut rappeler qu’à cette époque, la culture de l’excellence était beaucoup plus visible, encouragée et récompensée. Ainsi, j’ai le plus souvent été premier de la classe et premier de toutes les classes A, B, C, D, etc..

Mon parcours universitaire m’a conduit en mathématique et physique (MP) à l’Université de Niamey pour la préparation aux grandes écoles où j’étais sorti avec une bourse française (FAC) et une bourse chinoise. Mon choix a été d’aller en Chine pour une formation de type nord-américain où j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur civil spécialisé en infrastructures hydrauliques à l’Université Hohai de Nanjing. Constatant mes excellents résultats, des amis canadiens, qui étaient venus en Chine apprendre le chinois, m’avaient vivement recommandé de postuler à des bourses canadiennes malgré que mon université chinoise m’offrait une bourse pour continuer au programme de Master en ingénierie.

J’étais donc rentré au Niger pour effectuer mon service civique national dans le cadre duquel j’ai enseigné pendant une année les mathématiques et la physique au Nouveau Lycée national de Niamey. Durant cette année, j’ai déposé ma candidature pour le Programme canadien des bourses d’excellence de la Francophonie. J’ai été récipiendaire de cette bourse pour une durée de 3 ans pour un Master ès Sciences du Génie civil à l’École Polytechnique de Montréal. Vu l’excellence de mes résultats et de la portée de mon sujet de recherche, le Département de Génie civil a fait une recommandation spéciale au PCBF pour financer mes recherches et accomplir une thèse de doctorat d’état (Ph.D.). Le Programme a accepté et j’ai pu poursuivre mes recherches et soutenir ma thèse de doctorat avec mention Excellent. Le titre de la thèse est : Exploitation d’un réservoir à buts multiples en périodes de pénurie. L’exploitation du système hydrique projeté au barrage de Kandadji, système à fins multiples situé sur le fleuve Niger, a servi de plate-forme de validation du modèle mathématique que j’ai créé et d’exemple de sa mise en œuvre. À ma soutenance, en présence de Son Excellence Monsieur Aboubacar Abdou, alors Ambassadeur du Niger au Canada, j’ai dédié cette thèse au peuple nigérien avec la mention :{xtypo_quote}« Au Niger, mon pays; À tous mes compatriotes qui n’ont pas eu la chance d’atteindre ce niveau du savoir et qui m’ont donné les moyens de l’acquérir ».{/xtypo_quote}

Plus tard, les besoins dans ma carrière professionnelle en génie conseil, m’ont amené à entreprendre et compléter un diplôme de MBA (Master of Business Administration) Profil Exécutif International aux HEC (École des Hautes Études commerciales) de Montréal.

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Qu'est-ce qui vous a poussé vers " le génie et l’administration des affaires"?

Très tôt, je rêvais d’être ingénieur. Enfant, j’étais déjà fasciné par les chantiers de construction de routes, de bâtiments. Un jour, alors que j’étais au CP (deuxième année du primaire), je passais avec mon père devant un chantier de construction d’une route, je vis un monsieur portant un casque faire des gestes à des conducteurs d’engin. Quelques instants après, il monta dans une camionnette portant l’enseigne « tp ». J’ai compris que cet homme dirigeait en quelque sorte les travaux et j’ai demandé à mon père qui il était. Il me répondit : c’est un ingénieur! Et je criais à mon père : je veux devenir ingénieur! Il m’encouragea à étudier beaucoup.

Ainsi, cette image de bâtisseur m’avait très tôt traversé l’esprit. Je voulais bâtir des choses concrètes dont l’utilité n’est pas à démontrer. Au fil de ma scolarité, le rêve de devenir ingénieur s’était davantage ancré dans ma tête. Les conseillers d’orientation, devant mes excellents résultats, m’ont confirmé que j’étais dans la bonne direction. Les réalités de notre pays ont fait le reste. Je prenais de plus en plus conscience des besoins criants en infrastructures pour favoriser son développement et améliorer les conditions de vie de nos populations. Pour moi, l’ingénieur est un bâtisseur par sa contribution à la conception et à la réalisation des infrastructures de développement.

Par la suite, c’est le souci de développement professionnel qui m’a amené à intégrer l’administration des affaires dans ma carrière. À un mMamadou A Hamidou oment, j’ai évalué le besoin de compléter mon profil technique par des compétences managériales et autres habiletés stratégiques dans un contexte de mondialisation des affaires. Cela m’a permis d’évoluer dans l’industrie du génie-conseil canadien en occupant des postes de responsabilités de plus en plus importantes jusqu’au niveau exécutif de sociétés multinationales.


Parlez nous de vos expériences professionnelles nationales et internationales?

Mes activités d’ingénieur-conseil m’ont amené à diriger des équipes pluridisciplinaires d’experts dans plus de 140 projets d’infrastructures dans une trentaine de pays en Afrique, en Amérique centrale, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Ces projets concernent des routes et autoroutes, des ponts et viaducs, des chemins de fer, des aéroports, des ports, des voies de navigation, des centrales hydroélectriques, des centrales thermiques, des lignes et postes haute tension, la distribution électrique, des stades, des hôpitaux, des universités, des laboratoires, des aménagements urbains, des industries minières, des aménagements hydroagricoles, des réseaux d’adduction d’eau potable, des réseaux d’assainissement, des réseaux de communication, etc..

Au Niger, sous ma direction, notre société CIMA International a réalisé des projets dans le domaine de la santé, l’agriculture, les routes et ponts, l’énergie, l’adduction d’eau, l’assainissement urbain, l’irrigation, l’environnement.

Mamadou A Hamidou 04Tous les mandats des projets que j’ai dirigés ont été gagnés par compétition internationale contre des firmes américaines, européennes et asiatiques, suivant les règles de passation de marchés des pays et des procédures de bailleurs de fonds multilatéraux.    
En amont de tout ce processus, j’ai bâti un plan d’affaire et une stratégie de pénétration des marchés de plusieurs régions et pays où notre société entrait la première fois. Pour la plupart, nous avons connu du succès et assuré la croissance de nos affaires. Entre autres, nous avons su maintenir une présence constante auprès de nos clients afin de les accompagner en favorisant le renforcement de capacités. Aussi, nous créons localement des emplois de qualité en formant une main d’œuvre selon les standards d’excellence de notre société.

À un autre niveau, les défis stratégiques et opérationnels ont toujours été présents dans la réalisation de nos projets avec des environnements et conditions d’implantation différents. Les expériences d’un pays à l’autre, ou d’une région à l’autre sont très enrichissantes en termes de modèles de développement et de facteurs de succès.

Fort de ces expériences, je suis membre actif d’organismes de développement économique et des affaires dont le Conseil Canadien pour l’Afrique. Je suis récipiendaire de plusieurs prix canadiens dont le Prix d’Excellence de l’Entrepreneur faisant affaire avec l’Afrique.

Mamadou A Hamidou 03 Quels enseignements avez-vous  tirés de votre expérience ?

Dans le travail, il faut le plus possible faire ce qu’on aime, avec passion. Il est permis de rêver, mais il faut soi-même profondément y croire, et travailler fort pour réaliser son rêve. Si vous n’êtes pas convaincu, vous ne pouvez pas avoir la passion et la détermination nécessaire pour y parvenir. Le succès dans les affaires ne peut être pérennisé sans la qualité et l’innovation. Dans la vie, il faut essayer de toujours avoir une attitude positive et humble. Nous avons toujours à apprendre des autres.


Quelles difficultés et éléments facilitateurs avez-vous rencontrés en tant que cadre Nigérien au Canada?

L’adaptation aux températures froides et à l’hiver québécois a été un défi. Au-delà, je n’ai pas connu de difficultés particulières au Canada. Mon insertion professionnelle a été naturelle pour avoir été formé et immergé directement dans des systèmes performants. Il faut savoir aller vers les gens et échanger avec eux. Il ne faut surtout pas s’isoler ou se replier sur soi. Une fois que vous avez un boulot, il faut rapidement développer la capacité à répondre aux exigences de performance du modèle canadien où le travail est toujours axé sur le résultat. Il est donc important, pour ce faire, de se concentrer très vite sur l’essentiel pour atteindre ses objectifs en y mettant les efforts nécessaires.


Quel rôle a joué le Niger dans votre parcours? 

Malgré ses maigres ressources, mon pays m’a pratiquement tout donné : l’éducation et le goût de la compétition. Je n’ai personnellement contracté aucune dette pour étudier depuis le primaire jusqu’à mes douze années d’études universitaires ayant conduit à l’obtention de mon doctorat d’état en génie, grâce des bourses d’excellence que j’ai reçues par un processus de sélection, donc de compétition. C’est pour cette raison que j’ai dédié ma thèse au peuple nigérien et que dans ma vie, je veille à assurer un retour d’ascenseur à mon pays.

Quelles valeurs vous ont guidé ?
La solidarité et le partage : dans ma famille, j’ai été éduqué à aider et à partager avec les autres. Aujourd’hui, je me sens utile et épanoui à la hauteur de l’aide que j’apporte aux autres. Je crois toujours que dans ce que je possède ou que je gagne, il y a la part des autres et je me dois de n’être qu’un intermédiaire pour contribuer à leur épanouissement. L’intégration professionnelle reste un défi majeur pour les diplômés africains installés au Canada et j’ai pu faire preuve de solidarité dans ce sens en termes de placements en particulier pour les nigériens.


Que pensez-vous de l'avancée de l’administration des affaires au Niger et dans la  sous-région?

Malgré les efforts remarquables que je vois ici et là, nos pays (africains) ont encore du chemin à faire. L’avancée de l’administration des affaires reste intimement liée au développement du secteur privé, qui lui-même est une réponse à des besoins notamment l’émergence d’une classe moyenne capable de consommer. Ceci rejoint les efforts des pouvoirs publics à assurer l’éducation, l’alimentation, la santé et à mieux répartir la richesse (les infrastructures et autres services publics) pour atteindre les couches les plus nécessiteuses de la population. Ainsi, le secteur privé deviendra le créateur principal d’emplois et contribuera à aider les pouvoirs publics à générer davantage de richesse.

Le Niger à l’instar des pays de la sous-région doit poursuivre les efforts pour asseoir un environnement propice à la concurrence, la responsabilité et la transparence qui sont des éléments indispensables au développement des affaires.


Avez-vous des solutions, des projets ou plans pour le développement de votre secteur au Niger?

Le secteur des infrastructures appelle beaucoup d’investissements financiers qui sont amortis sur plusieurs dizaines d’années. Pour le développer, les pouvoirs publics doivent, en plus de leurs propres efforts financiers, attirer des partenaires investisseurs. Nous devons préserver la stabilité de nos institutions, contribuer à la paix et à la sécurité dans notre pays, et garantir la protection des investissements étrangers.

La réalisation de ces infrastructures, si elle est bien planifiée et encadrée, est une excellente opportunité de créations d’emplois et de contribution à l’émergence du secteur privé. Les retombées peuvent être multipliées au-delà même du bénéfice direct tiré de ces infrastructures.
Au-delà des membres individuels de la diaspora nigérienne, je souhaite que la contribution de celle-ci au développement de notre pays puisse s’inscrire dans un cadre formel et une approche globale.  Autant la diaspora nigérienne que le gouvernement ont posé des initiatives dans ce sens; mais celles-ci méritent d’être poursuivies afin que la contribution de la diaspora au développement du pays soit optimale. Il y a lieu de souligner que plusieurs pays ont connu des progrès importants en termes de développement grâce à l’utilisation judicieuse de l’expertise de leur diaspora. Les membres de la diaspora sont souvent guidés par le patriotisme et la volonté de solidarité envers le Niger. Ce qui constitue une force motrice de développement qui peut faire la différence.


Quels conseils donnez-vous aux jeunes Nigériennes et Nigériens qui voient en vous un modèle?

Si vous avez la chance d’acquérir le savoir, étudiez sérieusement. Le savoir n’est pas seulement pour chercher un emploi, mais pour vous sortir de l’ignorance et vous aider à améliorer votre vie quotidienne. Avoir un diplôme c’est comme avoir entre ses mains un bon outil, et l’art de bien savoir utiliser celui-ci donne accès généralement à des opportunités de travail. Et si vous avez la chance de travailler, d’avoir un emploi, mettez les efforts pour vous différencier des autres car cela finit par être payant à moyen ou long terme.
Au-delà de votre personne, où que vous soyez, n’oubliez pas le Niger car c’est le nom qui demeurera éternellement le vôtre, et quoi de mieux si vous contribuez à son rayonnement!


Je vous laisse le mot de la fin.

Je salue les efforts de Nigerdiaspora à servir de pont, pour favoriser les échanges entre les Nigériens. La diaspora fait partie des forces qui contribuent au développement de notre pays.

Je vous remercie de m’avoir donné la chance de partager ces quelques sujets de réflexion avec vos lecteurs.
Dr Hamidou Mamadou Abdou, ing, Ph.D., M.B.A. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Réalisée par Boubacar Guédé

Publié le 28 décembre 2014
Source : http://Nigerdiaspora.Net