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Interview : M. Tidjani Idrissa Abdoulkadri, Ministre de l’Elevage, Porte parole du Gouvernement : «Nos attentes c’est qu’en plus d’être un facteur de cohésion sociale, la Cure Salée soit un évènement international de grande envergure»

Monsieur le Ministre, l’édition 2022 de la Cure Salée est prévue se tenir du 22 au 24 septembre prochain à Ingall dans la région d’Agadez. Où est ce que vous  en êtes pour les préparatifs ?

Comme vous le savez, la Cure Salée, est une véritable vitrine des activités pastorales et culturelles des éleveurs de notre pays. Il faut aussi souligner que, cette importante rencontre annuelle du donner et du recevoir des éleveurs de notre pays, et de ceux des pays voisins (Mali, Algérie, Tchad, Nigeria, Libye) constitue l’évènement majeur du Secteur de l’Elevage et offre un cadre unique d’envergure pour renforcer les échanges et consolider la coopération entre les pays de l’espace Sahélo-Saharien.

Et pour revenir à votre question, notamment en ce qui concerne les préparatifs de l’édition 2022 de la Cure Salée, il faut dire que pour une réussite de la fête, mon département ministériel et les gouvernorats de régions de Tahoua et d’Agadez ont mis en place des comités d’organisation à tous les niveaux (national, régional, départemental et communal). Ces comités sont chargés chacun en ce qui lui concerne de veiller à la bonne organisation de la fête. Pour ce faire, un état de lieu du site abritant les manifestations de la cure salée a été fait lors d’une mission préparatoire dépêchée sur le terrain pour la circonstance. Actuellement, toutes les infrastructures au niveau du site sont en cours de réhabilitation.

Aussi, les différents comités d’organisation sont également à pied d’œuvre pour la mobilisation des moyens afin de donner un cachet particulier à l’évènement. Mon département ministériel a également engagé la communication sur l’évènement afin d’informer les différents acteurs de la tenue de la cure salée à partir du 22 septembre 2022 autour du thème : «sécurisation alimentaire du cheptel et cohésion sociale des pasteurs et agropasteurs».

Quelles sont les innovations apportées ou attentes lors de cette édition ?

Pour la présente édition de la cure salée, le Ministère ayant fait le point de l’édition passée, attend apporter des améliorations et innovations sur des aspects comme, la vaccination des animaux, la course de chameaux et des chevaux et les défilés âniers.  oncernant, nos attentes au cours de cette édition, il faut dire qu’au-delà de la forte mobilisation des éleveurs attendue et souhaitée, il est attendu une forte implication de tous les acteurs pour la réussite de la manifestation afin de continuer à renforcer la consolidation de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays.

Parler de la Cure Salée c’est incontestablement de la santé animale. Comment se présente l’état général du cheptel nigérien actuellement ?

Il faut noter qu’au plan national, la situation sanitaire du cheptel est calme et est sous contrôle. Cependant, il faut toutefois signaler quelques foyers de Charbon bactéridien au niveau des régions de Niamey, Tillabéry et Tahoua et pasteurellose des Petits et Gros ruminants qui ont été rapidement pris en charge par les services vétérinaires. A l’occasion de la présente édition de la cure salée, une caravane zoo sanitaire de vaccination sera organisée et va démarrer avant le début de la cure salée. Elle permettra de déparasiter et de vacciner des animaux contre la PPCB et la PPR. L’objectif étant de pouvoir vacciner les animaux ayant échappé à la grande campagne de vaccination du cheptel.

Le Niger a enregistré au cours de la campagne pastorale 2021 un important déficit fourrager. Quel a été l’impact du déficit fourrager sur les éleveurs et comment cette épreuve a-t-il été surmontée par eux ?

La campagne pastorale 2021-2022 a enregistré un déficit fourrager global de plus de 15 millions de tonnes de Matière sèche, soit 46% des besoins du bétail séjournant sur le territoire national. A ce déficit, il faut ajouter des cas de feux de brousse et quelques apparitions de sautériaux, dévastant plusieurs hectares de pâturage. Plus de 1.460.000 éleveurs, répartis dans 22.188 ménages ont été concernés par ce déficit au plan national. Cette situation a engendré une descente précoce des éleveurs en zone agricole (situation pouvant créer des conflits entre agriculteurs et éleveurs) ; un mauvais état d’embonpoint ayant entraîné une détérioration progressive de la santé des animaux ; une baisse du prix des animaux compte tenu de leur état d’embonpoint, des cas de mortalité surtout chez les gros ruminants.

Face à cette situation, le Gouvernement a accompagné les éleveurs à travers la mise en place des quantités importantes d’aliments pour bétail. Aussi, toujours pour augmenter le disponible fourrager national, les points d’eau des zones pourvues de pâturages ont été réhabilités pour permettre aux animaux de profiter de ces pâturages. Les cultures fourragères dans les zones favorables ont été également promues et des actions de valorisation des résidus de récolte ont été entreprises à travers la mise en place des broyeurs de résidus de récolte. Des efforts de couverture sanitaire (campagnes de vaccination accompagnées de déparasitage systématique) et de sensibilisations préventives ont été également entrepris. Enfin, les éleveurs ont augmenté l’ampleur de leur mobilité interne au niveau des zones accessibles, fournies de pâturages.

Ces dernières années,  l’élevage notamment transhumant fait face à de sérieux défis liés à l’insécurité dans le sahel : quelles initiatives prises par le Gouvernement pour aider le secteur à être résilient ?

Comme vous le savez, de façon conjoncturelle, notre pays se trouve depuis quelques années en plein cœur de la zone affectée par l’insécurité sévissant dans l’espace sahélo-saharien. Dans ce contexte, l’élevage transhumant s’est vu profondément affecter. Cependant, en matière de sécurisation du territoire, les capacités stratégiques et opérationnelles ont été renforcées. Ces efforts ont permis d’assurer la défense de l’intégrité du territoire, la sécurité publique et de préserver la cohésion sociale.

Particulièrement dans le domaine de sécurisation de la transhumance, le Gouvernement avec l’aide de ses partenaires, a entrepris des mesures parmi lesquelles, la création et l’animation de cadres de concertation entre les Etats aux niveaux régional et transfrontalier sur la transhumance apaisée et la mise en œuvre de projets transfrontaliers pour renforcer la résilience des éleveurs et faciliter la transhumance transfrontalière.

Quelles sont les attentes du Gouvernement vis-à vis de ce grand évènement qu’est la Cure Salée ?

Comme vous le savez, l’importance de la cure salée réside dans le brassage qu’elle occasionne entre les différents groupes ethniques. Et par la grande mobilisation humaine qu’elle engendre, elle renforce de ce fait la cohésion sociale entre pasteurs. Cette mobilisation sociale exceptionnelle cimente l’esprit de concorde et de solidarité qui a toujours prévalu au sein des communautés pastorales, depuis la nuit des temps.

Les attentes du Gouvernement vis-à-vis de la Cure Salée est qu’une dynamique nouvelle soit insufflée afin de faire de la Cure Salée non seulement un outil de consolidation et de la paix et de cohésion sociale, mais aussi, un évènement international de grande envergure à l’image des manifestations sous régionales telles que le FESPACO, le SIAO, etc.

Réalisé par Siradji Sanda(onep)

Source : http://www.lesahel.org/