M. Mamane Tourba, président du Conseil Régional de Dosso : « L’objectif ambitieux de la Région de Dosso en matière de développement économique est de travailler conjointement avec tous les acteurs régionaux »
Dans toutes les régions du Niger, le Conseil Régional joue un rôle actif dans la mise en œuvre des actions de développement. Dans cette interview, le président du Conseil Régional de Dosso M. Mamane Tourba se prononce sur les actions menées par l’institution au cours de ses deux ans de gestion.
Monsieur le Président du Conseil Régional de Dosso, après deux (2) ans de gestion, quel bilan pouvez-vous établir ?
Le Conseil Régional joue un rôle actif dans la mise en œuvre des actions de développement. Pour ce faire, il bénéficie de l’appui de plusieurs partenaires au développement. Par ailleurs, la mise à disposition des agents des services de l’Etat dont certaines compétences nous sont transférées facilite la coordination et la capitalisation des actions menées au niveau de l’ensemble de la région.
De 2021 à 2022, le Conseil régional a fait plusieurs réalisations. Ainsi, dans le cadre de l’environnement, 2 800 ha ont été restaurés sur 89 sites dans 22 communes en 2021, lors de la 3e phase de la récupération des terres agricoles dégradées ; 5 000 noix de rônier ont été semées dans huit rôneraies dégradées. On a procédé ensuite au reboisement de 25,5 hectares de forêts classées à travers la plantation de 8 325 arbres. 30 apiculteurs ont été formés et équipés avec des kits d’exploitation (ruche moderne, combinaison de récolte, gants, bottes et enfumoir) ; 20 vanniers ont été formés et équipés avec du petit matériel (coupe pour feuilles de rônier, pince, marteau, couteau). En outre, 159 jeunes ont formés et installés en technique de RNA ; 521 projets agricoles, en collaboration avec la BAGRI, GOMNI et HINFANI. 57% de ces projets sont portés par des hommes et 43 % par des femmes pour un montant total de 225 986 120 francs CFA. Dans le domaine de la formation professionnelle, avec l’appui des partenaires intervenant dans les secteurs de la formation et l’insertion professionnelles, 2 074 jeunes dont 1 040 femmes ont été formés à la pratique de métiers porteurs. Parmi ces 2 074 jeunes formés, 1 431 ont été appuyés à travers l’octroi d’équipements complémentaires en groupe ou en individuel.
Dans le domaine de l’enseignement secondaire, les réalisations se résument à la construction de 5 salles de classe équipées au CEG 3 de Gaya ; l’acquisition et la mise en place de 1 015 table-bancs aux CEG. 38 classes et 2 373 tables-bancs sont en cours de réalisation. Dans le domaine de l’hydraulique pastorale, sept (7) puits pastoraux et (2) stations de pompage pastorales ont été réalisés.
Dans le domaine de la Gouvernance locale, le Conseil régional dispose d’un manuel de procédures administrative, financière et comptable qui vise une meilleure collaboration de notre institution avec ses divers Partenaires ainsi que le bon fonctionnement du système de contrôle interne.
Monsieur le Président, quelle est votre appréciation sur le niveau actuel du processus de décentralisation au Niger ?
Le processus de décentralisation a fait l’objet d’évaluation qui a donné lieu à des recommandations permettant de rédiger « l’acte 2 de la décentralisation ». Les acquis remarquables de ce processus ont été : l’adoption par le Gouvernement du Plan de transfert des compétences et des ressources, l’adoption par l’Assemblée Nationale de la loi portant « Statut Autonome du personnel des Collectivités Territoriales », ainsi que son décret d’application par le Gouvernement, la révision du Code Général des Collectivités Territoriales, etc.
Disons que le contexte actuel est plus favorable à une opérationnalisation effective avec la prise en compte de la décentralisation dans les priorités du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2022-2026 adopté le 10 juin 2022. Aussi, faut-il le souligner, la territorialisation de ce PDES permettra, entre autres, le transfert concomitant des compétences et des ressources aux Collectivités Territoriales.
Quelles sont vos relations avec les autorités administratives et coutumières et les autres élus que sont les députés nationaux et les conseils municipaux ?
Pour l’accomplissement de sa mission, le Conseil Régional fait appel au concours des services techniques déconcentrés de l’Etat à travers le Gouvernorat de la région. Cette collaboration est exemplaire. Depuis son installation, aucun acte du Conseil Régional n’a fait l’objet de rejet de la part de la tutelle pour non-conformité à la réglementation. C’est l’occasion de remercier l’actuel Gouverneur de la Région de Dosso, Monsieur Albarchir Aboubacar pour sa forte disponibilité aux sollicitations de notre institution. Quant aux autorités coutumières, il faut noter que huit (8) chefs traditionnels sont membres de droit du Conseil Régional selon un quota fixé par la loi. Leur participation aux sessions (100% à chaque fois) est à saluer.
En outre elles sont impliquées systématiquement à toutes les activités de résolution de conflits ou tout autre problème en faveur des populations locales. Quant aux autres élus, je note que les 19 députés nationaux sont membres de droit et participent aux actions de développement régional.
Concernant les élus municipaux, nous animons entre organes exécutifs municipaux et régional un Cadre de Concertation des Collectivités Territoriales (CCCT) qui est pensé pour constituer un mécanisme institutionnel de concertation, de coordination et de suivi évaluation des différents acteurs intervenant au niveau de l’espace régional.
Quelles sont les perspectives de développement du Conseil Régional au profit des populations de la Région ?
Le Conseil Régional, doit créer un cadre propice en améliorant les conditions du développement économique régional pour stimuler la création d’emplois décents, la création de richesses et la fourniture des services économiques et sociaux de qualité au niveau local. L’objectif ambitieux de la Région de Dosso en matière de développement économique est de travailler conjointement avec tous les acteurs régionaux (population, élus, STD, PTF, OSC, secteur privé. En tant que collectivités territoriales, nous devons assurer le service public de qualité et avons pour missions, la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement d’intérêt communal et régional. Aujourd’hui, je peux dire que la région de Dosso s’engage honorablement à remplir cette mission. C’est dans cet élan que nous sommes constamment accompagnés par plusieurs partenaires techniques et financiers. Je saisis l’opportunité pour réitérer nos sincères remerciements à tous ces partenaires techniques et financiers pour leurs appuis constants.
Sur la base de nos potentialités naturelles et des opportunités de valorisation, les perspectives de développement sont portées par la vision de Dosso qui est celle d’« une région moderne, prospère, bien gouvernée, forte de sa diversité culturelle, qui assure la satisfaction des besoins de sa population citoyenne et solidaire dans un contexte apaisé, avec une économie dynamique, diversifiée, compétitive, durable et harmonieusement intégrée ».
Avez-vous un message à adresser à la population ?
Nous sommes convaincus que la décentralisation reste le chemin incontournable pour le développement local. Notre objectif ambitieux de la région en matière de promotion de l’économie locale nécessite une très forte implication consciente et engagée des acteurs au premier rang desquels la population de la région. Cette population constitue l’élément central du développement local car elle est au début et à la fin de toute action de développement. Je voulais rassurer cette population, que la cohésion des membres du Conseil Régional, la synergie et la pertinence des décisions prises permettront de conduire efficacement la réalisation des actions et l’acquisition d’importantes infrastructures à même de consolider les jalons du développement économique et social de la région.
Propos recueillis par Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso