Melle Roumana Oumarou Garba, Présidente Nationale de JCI Niger et point focal du mouvement des élites féminines d’Afrique francophone : «Notre mission c’est d’offrir aux jeunes des opportunités de développement du leadership »
Roumana Garba Oumarou, est freelance. Célibataire sans enfants, elle est alumni du programme Yali Dakar session 4. Aussi elle est le point focal du Niger du mouvement des élites féminines d’Afrique francophone. Après avoir gravi tous les échelons, elle est présentement la Présidente Nationale de la JCI Niger. Avec son jeune âge frôlant la trentaine, Roumana sait là où elle va, ce qu’elle veut. Elle est conviée régulièrement à des conférences aussi bien nationales qu’internationales, où elle n’hésite jamais à prendre le micro et à défendre avec poigne les droits des femmes. Fille de terrain, elle parcourt des milliers de kilomètres à la rencontre de ses sœurs ; à la recherche des moyens pour améliorer la situation de ses membres par des activités génératrices de revenus.
Parlez-nous de vous, de ce club, de vos objectifs et différents domaines d’interventions, et des réalisations concrètes de cette organisation.
J’ai adhéré à la Jeune Chambre Internationale Niger(JCI) en 2016, intronisée en octobre de la même année pendant la convention nationale tenue à Arlit en tant que membre de la Jeune Chambre Internationale Maguina qui est une organisation locale de la JCI Niger regroupant des entrepreneurs et jeunes porteurs de projets où j’ai respectivement occupé les postes suivants : 2017, Vice-Présidente domaine affaires ; en 2018 : Vice-Présidente du domaine communautaire ; en 2019 : Vice-Présidente domaine individuel ; en 2020 : Vice-Présidente exécutive ; en 2021 : Présidente exécutive. En 2022 je passe à la nationale en tant que Vice-Présidente Nationale, et cette année je suis la Présidente Nationale de la JCI Niger.
Je suis pétrolière de formation plus précisément dans l’exploration et l’exploitation mais aussi j’ai des notions dans le domaine énergétique notamment solaire.
La Jeune Chambre Internationale est une organisation à but non lucratif, regroupant des jeunes âgés de 18 à 40 ans, et est présente dans plus de 120 pays à travers le monde. Elle a pour mission d’offrir aux jeunes des opportunités de développement du leadership en leur permettant de créer des changements positifs dans leur communauté. Elle a pour vision d’être le principal réseau de jeunes leaders. La JCI était présente au Niger depuis Feu Kountché mais a connu son apogée grâce à sa relance en 2003 et compte 12 organisations locales dont 3 en phase de création.
Nous intervenons dans quatre (4) domaines clés à savoir le domaine individuel : Le développement personnel de nos membres est au centre de nos actions. Au sein de la JCI, chacun a l’opportunité de se former, de découvrir de nouvelles compétences à travers nos modules de formation. Nous voulons que nos membres deviennent des jeunes Leaders pour répondre aux défis du monde.
Au plan communautaire : L’objectif est d’offrir des opportunités de développer des responsabilités sociales et d’avoir un rôle majeur dans la création des changements positifs à fort impact par le biais de la JCI Rise qui appelle les jeunes leaders entreprenants du monde entier à travailler ensemble pour rendre les économies et les effectifs plus résilients. Ou encore à travers des projets relatifs aux Droits Humains et à la participation des jeunes dans la gestion des conflits.
En ce qui concerne le domaine des Affaires : Le Business est au cœur de nos interventions dans le but de permettre à nos membres d’en profiter pour développer leur expérience Business en apprenant par l’action, et d’avoir un réseautage garni avec des entrepreneurs à succès. Les membres de la JCI et les jeunes peuvent apprendre à se développer en participant aux différents projets pour maîtriser le rôle de manager, de visionnaire, de leader et coach.
Au niveau du domaine Internationalisme : A travers les conférences internationales, les programmes d’échanges, les jumelages entre jeunes chambres, JCI offre des opportunités de développement global, des rencontres internationales et la force d’un monde uni et fraternel.
Le mandat 2023 de la JCI Niger est porté sur l’industrialisation au Niger dont l’objectif serait de pouvoir positionner les jeunes et femmes dans les chaînes de valeur industrielle. Mais aussi des actions dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes.
Notre plan d’action comporte notamment le projet Kokowa PITCH qui est un concours national dont le but est de créer le matchmaking entre les porteurs de projets (surtout à caractère industriel) et les potentiels investisseurs. Nous espérons faire le lancement d’ici fin avril, l’organisation d’un déjeuner débat sur « l’industrialisation au féminin « qui sera un cadre d’échange et de plaidoyer des femmes qui sont dans la transformation des produits ( agroalimentaire, artisanat…), la création d’une académie de leadership et des processus de création d’unités industrielles au Niger et la mise en place d’un TOYP qui est un programme de JCI visant à récompenser les 10 meilleurs jeunes d’un pays répartis dans 10 catégories différentes qui sont : Réalisations en matière d’Affaires, d’économie, et/ou d’entreprise Affaires politiques, juridiques, et/ou gouvernementales Leadership et/ou réalisation académique ; réalisation culturelle Leadership morale et/ou environnemental ; contribution aux droits des enfants, à la paix mondiale, et/ou aux droits de l’homme Leadership humanitaire et/ou volontaire ; développement scientifique et/ou technologique ; développement personnel et/ou réalisation personnelle ; Innovation médicale ; une formation sur l’éveil entrepreneurial aux jeunes des régions de Tillaberi et Diffa et la participation du Niger à la conférence de zone Afrique et Moyen-Orient au Zimbabwe du 17 au 20 Mai et au congrès mondial en novembre du 14 au 18.
Femme et dirigeante d’un club, quelle est la relation que vous entretenez avec vos amis hommes concernant la gestion de ce cadre?
Vous savez, quelque soit la position qu’une femme puisse occuper, dirigeante ou pas, elle sera toujours d’une manière ou d’une autre à devoir s’expliquer et prouver qu’elle est à la hauteur de ce qu’elle défend ou de son positionnement.
Effectivement, j’ai beaucoup d’amis hommes et également des femmes dont la plupart depuis mon adhésion à cette organisation ne cautionnent pas mon choix d’appartenir à ce genre d’association… Et d’ailleurs j’en ai perdu quelques-uns à cause de ça, mais j’ai su m’entourer aussi de quelques-uns qui m’ont soutenue tout au long de ma carrière Jeune Chambre et même en dehors du cadre associatif.
Dans toute entreprise il y a des hauts et des bas, comment arrivez-vous à surmonter les obstacles ? Et en tant que femme comment arrivez-vous également à concilier vie de famille et vie professionnelle ?
Il fallait surmonter les obstacles pour arriver où je suis aujourd’hui… C’était facile et difficile en même temps.
Facile parce que je m’étais fixée des objectifs ambitieux dès mon adhésion à cette organisation, je savais exactement où j’allais être dans les années futures donc il fallait juste de la détermination, être dynamique et persévérante. Et surtout j’avais et j’ai quelques amis qui me soutiennent inlassablement, c’est important.
Difficile parce qu’étant femme on a plus de challenges à cause des pesanteurs socio-religieuses. Dès qu’une femme se démarque et veut gravir les échelons, elle se fait chahuter de tous les côtés que ça soit au sein de l’organisation comme en dehors.
Étant célibataire pour le moment, j’arrive à bien planifier ma vie de famille et celle professionnelle. C’est vrai au début ce n’était pas facile avec les parents surtout concernant les nombreuses réunions, les activités et les voyages. Mais ils ont fini par accepter mes choix puisqu’ils ont vu l’impact positif que cela a engendré dans ma vie.
Quel regard portez-vous sur le leadership féminin au Niger, quelles sont les figures féminines qui vous impressionnent, susceptibles de vous booster ?
Je crois que le Niger d’aujourd’hui peut se vanter d’avoir de grandes figures féminines, des femmes leaders, des femmes politiques, des femmes entrepreneures…
Nous sommes dans un Niger où la femme a compris qu’il faut travailler avec elle pour faire avancer l’économie, l’éducation et autres domaines liés au développement du pays.
Il est vrai que jusqu’à présent la place de la femme dans la société est toujours discutable mais il y a eu de grandes avancées par rapport il y a 30 ans en arrière.
Parmi les figures féminines qui m’impressionnent, il y a d’abord ma mère, Mme Maidah Zeinabou qui est conseillère de mon mandat, Mme Gourouza Salamatou qui est marraine de mon mandat, Aichatou Mindaoudou qui a été mon idole depuis l’enfance… Bref, elles sont beaucoup.
Revenons aux mouvements associatifs qui œuvrent pour le développement de notre pays à travers beaucoup d’activités, en ce qui concerne les idées préconçues ( ce sont des sectes de la franc-maconnerie ) que les gens se font de ces plateformes, qu’avez- vous à dire à ce propos ?
Tout comme la plupart des associations au Niger, la JCI n’échappe pas à cette idée macabre de l’associer à une secte. Mais pas que cela, nous avons entendu du tout et des machinations de tout genre. Pour d’autres parce que nous portons une chaîne qui est portée exclusivement aux instances locales ou nationales (réservée uniquement aux présidents locaux et président national).
Et pour beaucoup d’autres à cause de la récitation de notre crédo qui est un guide, des valeurs que nous promulguons et que nous adoptons à nos comportements sociétaux. Mais il faut aussi dire la vérité, les meilleurs jeunes du Niger, qui font vraiment bouger les choses, font partie ou sont issus des associations de jeunes. Nous croyons en ce que nous faisons et nous continuons notre chemin.
Qu’est-ce que ce cadre a apporté de positif dans votre vie? Si vous avez un appel à lancer aux jeunes qui veulent adhérer à votre club ça serait lequel ?
Le mouvement associatif (je suis dans plusieurs, pas seulement JCI) a façonné la personne que je suis aujourd’hui, à travers les différentes formations suivies, et ma vision de voir les choses autrement.
Cela m’a aidé également à développer un sentiment de don de soi dans les actions communautaires à apporter mon aide et servir mon prochain, à valoriser l’être humain de toutes races qu’il soit, ethnies ou religions sans distinction. À développer un réseau relationnel assez élargi grâce aux différents voyages, mais surtout avoir fait la découverte ou la connaissance des personnes merveilleuses qui sont devenues des frères/sœurs pour moi.
Mon appel pour les jeunes désireux de rejoindre la JCI Niger est qu’il faut arrêter de spéculer et d’associer cette organisation à une secte, il faut attiser sa curiosité en venant voir et découvrir ce que nous faisons réellement.
Il faut noter que nous sommes présents dans les sept (7) régions du Niger hormis Diffa qui est en phase de création, nous serons ravis de les accueillir et d’en faire des leaders qui a leur tour vont apporter un changement impactant dans leur communauté. Ils peuvent nous écrire via notre page Facebook JCINIGER Events. Alors si vous aimez vraiment vos amis (es), faites les découvrir la JCI !!!!
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)
Source : http://www.lesahel.org