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M. Sani Nabirni, Président du Conseil Régional de Tahoua : « L’Etat doit accorder la dotation globale de fonctionnement et d’équipement aux régions ; ce qui rendrait les Collectivités Territoriales plus visibles sur le terrain et aptes à répondre aux aspi

Le Conseil Régional de Tahoua, est constitué à l’issue des dernières élections locales de décembre 2020, de 41 Conseillers élus, parmi lesquels on compte 11 femmes, dont la 2ème Vice-Présidente, contre 6 femmes en 2011. Parmi les 39 Conseillers membres de droit, 8 sont des chefs traditionnels et 31 des députés nationaux. Le Conseil Régional de Tahoua compte 6 commissions spécialisées qui jouent le rôle du personnel technique. Ces commissions siègent sous demande du Président du Conseil relativement à une ou des thématiques qui relèvent des compétences de chacune. Dans cet entretien avec Sahel Dimanche, le président du Conseil Régional de Tahoua explique les défis de son institution dans un contexte où le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales n’est pas encore effectif.

Le processus de décentralisation est en marche au Niger, et monsieur le président, vous êtes à la tête du Conseil Régional de Tahoua depuis le 8 mai 2021. Que peut-on retenir de vos actions à ce jour dans le cadre de votre mission ?

Il est très tôt pour parler de bilan en moins de deux (02) ans, surtout pour une institution qui a un manque criard des ressources (humaine et financière). Mais, je peux souligner un certain nombre d’actions qui ont été entreprises en parfaite collaboration avec les partenaires techniques et financiers, notamment : la construction du siège du conseil régional ainsi que le mur de clôture ; la construction de la salle de conseil d’une capacité de 250 places ; l’équipement des bureaux (mobiliers, informatiques) ; la poursuite de l’élaboration du schéma d’aménagement foncier (SAF) ; l’évaluation de l’ancien PDR 2016-2020 et la re-planification du Plan de Développement Régional (PDR 2022-2026) avec arrimage au PDES 2022-2026 ; la confection de 3 425 tables bancs au profit des établissements secondaires en cours ; et le processus de construction et équipement de 23 salles de classe en cours. 

Le contexte socio-économique du pays en général et de la région de Tahoua en particulier est caractérisé par entre autres, l’insécurité, la migration. Quels sont les principaux défis du Conseil Régional, à l’ère où le transfert de certaines compétences, les ressources avec, par l’Etat, n’est pas effectif ? 

Les défis sont vraiment énormes. Mais nous pouvons vous citer les plus décisifs. Il est d’abord important de rendre effectif le transfert des compétences et des ressources. Nous sommes tenus ensuite de mobiliser les partenaires à travers des projets intégrés banquables, et de disposer d’un mécanisme de coordination des actions de développement de la région. C’est ainsi que nous pourrions valoriser et exploiter les potentialités de la région, saisir les différentes opportunités les plus pertinentes pour le bien-être des populations et le développement. L’autre préoccupation, c’est bien entendu, celle de maîtriser les données sur la migration et les fonds transférés par la diaspora ; cartographier et organiser la diaspora de la région ; orienter ses investissements vers les secteurs productifs, maîtriser et valoriser les compétences des migrants de retour, des arrivées et de transit avec séjour. 

A l’interne, nous avons davantage besoin d’un personnel qualifié et d’un parc auto plus conséquent ; car l’insuffisance des moyens constitue un handicap majeur pour l’institution dans la conduite de ses activités. Il est important de noter qu’en plus de l’insuffisance du personnel et de la logistique, il y a la nécessité de renforcer les capacités du personnel existant sur plusieurs thématiques, telles que la gestion administrative, le montage et gestion des projets, le plaidoyer/lobbying, le suivi-évaluation, la gestion des archives, la comptabilité matière etc.

Le Conseil régional de Tahoua a adopté, en fin de l’année 2022 son budget au titre de l’année 2023. Quelles sont vos priorités en matière d’investissements ?

Nos priorités restent et demeurent dans les domaines sociaux à savoir l’Education, la santé, l’hydraulique afin d’apporter notre contribution à la réalisation du programme de renaissance Acte3 du Président de la République, SE Mohamed Bazoum. Chacun de ces domaines cités ci haut connaitra une amélioration significative parce que des prévisions budgétaires ont été faites pour conduire des actions concrètes.

Dans le domaine de l’Education, il sera procédé à la création/transformation des établissements scolaires, la construction/réhabilitation des infrastructures ainsi que la confection/réhabilitation des tables bancs au niveau des établissements secondaires de la région.

Dans le domaine de la Santé, nous allons travailler ensemble avec les acteurs du domaine à rendre plus efficaces les centres de santé régionaux (CHR, CSME, CRTS) à travers le renforcement de leurs capacités.

Concernant l’hydraulique, le défi est de continuer à assurer la fourniture régulière de l’eau aux populations et au cheptel en gardant les stations de pompage pastorales toujours fonctionnelles surtout dans le contexte sécuritaire actuel.

Quelles sont les contraintes qui entravent la bonne marche d’une institution comme le Conseil Régional ?

De même que les défis, les contraintes auxquelles la région fait face sont aussi nombreuses. Nous relevons celles-ci entre autres : les faibles capacités financières et logistiques de la région ; l’insuffisance de la région en personnel qualifié ; la faiblesse dans la coordination des actions de développement dans la région ; les difficultés d’accès aux données de certains partenaires et services techniques déconcentrés ; le manque de coordination des interventions de la diaspora de la région ; les difficultés à assurer le fonctionnement des cadres de concertation régionaux qui peuvent servir de déclic pour impulser la dynamique du développement de la région. 

Outre vos propres investissements pour le développement de la région, le Conseil Régional de Tahoua est souvent acteur dans la mise en œuvre de certains projets soutenus par des partenaires au développement. Pouvez-vous nous parler de ces projets ainsi que de votre rôle dans ce partenariat ?

Exactement ! La bonne collaboration qui caractérise nos relations avec nos partenaires a fait que plusieurs projets ont vu le jour. C’est le cas du Projet de renforcement des capacités d’accueil et de séjour au CHR de Tahoua. Un projet initié par le Conseil Régional avec l’appui financier du Programme d’Investissement et de Capacitation des Collectivités Territoriales (PICCT). Il y’a aussi le Projet d’installation de systèmes d’exhaure hybrides autour de 14 stations de pompage pastorales de la région. Le projet va contribuer à réduire les taux de pannes des groupes électrogènes et augmentera le temps d’approvisionnement en eau. Il est mis en œuvre avec la collaboration de l’Association Internationale des Régions Francophones (AIRF). Nous avons aussi le Programme Agroalimentaire pour la Résilience Intégrée et le Développement Economique du Sahel (Pro-ARIDES) mis en œuvre avec le lead de la SNV.

Que pensez-vous particulièrement du processus de décentralisation ?

Nous voulons terminer par votre commentaire du début de l’entretien où vous disiez que le processus de décentralisation est incontestablement en marche au Niger et que les Conseils Régionaux sont aujourd’hui des maillons essentiels dans l’appropriation par les populations de leur propre développement. C’est bien cela. Mais dans cette marche, nous rencontrons énormément de difficultés telles que la non effectivité du transfert de compétences malgré l’existence des décrets n°2016-075 et 076 portant transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales. Cet état de fait a entrainé un sérieux problème de ressources financières au niveau des collectivités territoriales en général et des conseils régionaux en particulier. Pour y faire face, l’Etat doit accorder la dotation globale de fonctionnement et d’équipement aux régions ; ce qui rendrait les Collectivités Territoriales plus visibles sur le terrain et aptes à répondre aux aspirations des communautés à la base.

Par Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua

Source : http://www.lesahel.org