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Mme Ba Aminata, auteure du livre ‘’L’histoire de la Micro-Finance au Niger » : « Le livre retrace l’histoire (…), d’une trentaine d’années d’expérience professionnelle dans le domaine »

L’écrivaine nigérienne, Mme Aminata Bâ, a présenté le 20 juillet dernier au public son deuxième ouvrage intitulé «L’histoire de la Micro-Finance au Niger ». Ce livre s’articule autour de 4 chapitres et un chapelet de suggestions pour un meilleur développement de la micro finance au Niger. A travers cet ouvrage, Aminata Bâ, économiste de formation ayant cumulé plus de 30 ans d’expérience dans le domaine de la micro-finance, l’économie, etc. retrace minutieusement l’histoire de la Micro-Finance au Niger. "Le livre retrace l’histoire, de la naissance de la micro Finance à nos jours. Il retrace une trentaine d’années d’expérience professionnelle dans le domaine de la micro finance", a-t-elle expliqué.

Mme Ba Aminata, vous avez publié un livre sur la micro-finance, quelles sont les motivations qui vous ont poussée à l’écrire ?
Comme son titre l’indique, le livre traite de l’histoire de la Microfinance au Niger. Je l’ai écrit pour partager ma longue expérience avec tous les intervenants actuels ou futurs dans le secteur ; comme l’a dit Feu Amadou Hampâté BA, « en Afrique, tout vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ». C’est vraiment cet adage qui m’a inspirée.

De par son titre, l’on se rend compte que cet ouvrage retrace l’histoire de la Micro-Finance dans notre pays. Dites-nous comment la micro-finance est née et a évolué au Niger ?
La microfinance est née au Niger à la faveur des projets de développement qui voulaient soutenir les communautés rurales dans leurs efforts à aspirer à sortir de la Pauvreté. Certaines banques et institutions financières n’étant plus en activités ou dont les procédures n’étaient pas adaptées aux personnes à faibles revenus et pour la plupart analphabètes, les projets se sont substitués à elles.

Mais il faut souligner qu’une forme traditionnelle de microfinance existe depuis la nuit des temps, la tontine ou « adaché ». Elle est très répandue dans nos communautés rurales comme urbaines. Mais s’opérant dans l’informel, elle n’est pas comptabilisée dans les pratiques de microfinance.

Comment le système de la Micro-Finance nigérienne se présente actuellement?
Le secteur de la microfinance ne se porte pas bien ; en témoigne la faillite des Systèmes Financiers Décentralisés. Les autorités monétaires déploient beaucoup d’efforts pour les sauver malgré leur état de dégradation afin de préserver les intérêts des épargnants.

Lors de la présentation de ce livre au grand public, vous avez démontré que la micro finance est un outil de lutte contre la pauvreté. Alors le contenu de ce livre donne-t-il des pistes pour promouvoir la micro finance au Niger ?
Dans mon livre j’ai cité l’exemple du système ‘’Mata Masu Dubara’’ au Niger et celui de la Grameen Bank du Bengladesh qui ont démontré leur contribution dans la lutte contre la pauvreté en s’intéressant même aux couches les plus vulnérables. Ces exemples peuvent inspirer nos politiques nationales.
De retour du Bengladesh, j’ai même produit un document de projet dans ce sens ; avec un groupe d’amis, j’ai créé une ONG dénommée REGELFA (Réseau Genre et Leadership Féminin en Afrique) dont la demande d’agrément d’exercice déposée depuis le 21 novembre 2021 est encore en instance au Ministère de l’Intérieur.
Dans le livre, j’ai aussi formulé des suggestions à l’ensemble des acteurs du secteur : Pouvoirs Publics, Partenaires Techniques et Financiers, Systèmes Financiers Décentralisés ; structures d’appui, banques, bénéficiaires des services financiers etc. Les efforts conjugués des uns et des autres permettront un développement significatif du secteur.

Au Niger, le taux d’épargne est très faible et l’essentiel des acteurs œuvrant dans les AGR évoluent dans l’informel. Cette situation est-elle favorable pour la Microfinance au Niger ?
L’évolution dans l’informel rend difficile la mobilisation de l’épargne, or l’épargne est le premier fonds de commerce des Systèmes Financiers Décentralisés. C’est grâce à l’épargne mobilisée qu’ils financent les projets de leurs groupes cibles ; les dépôts étant faibles, ils empruntent auprès des banques. La marge bénéficiaire obtenue est parfois insuffisante pour couvrir leur fonctionnement. Et lorsque les prêts sont mal remboursés, les profits diminuent ce qui fragilise à terme l’institution.

Les responsables des Systèmes Financiers Décentralisés devraient être proactifs et faire preuve d’ingéniosité pour concevoir des produits d’épargne attractifs pour leurs membres.

Dans beaucoup de cas, l’on voit les initiatives liées à la micro finance s’étouffer juste après les départs ou la fin des projets. Qu’est ce qui explique cet état de fait ?
Cela s’explique par la faible appropriation des acteurs locaux des règles de fonctionnement de l’institution. Cela veut dire que le transfert de compétences n’a pas été suffisant. D’autre part, cette faillite peut s’expliquer également par la qualité intrinsèque des hommes qui l’animent ; au-delà des compétences techniques, il faut une bonne dose d’intégrité, de rigueur et un engagement fort pour développer toute entreprise.

Dans ce livre vous avez évoqué la question de la finance inclusive. De quoi s’agit-il exactement. Et comment l’on est arrivé à ce stade ?
La finance inclusive est celle qui prend en compte toutes les couches sociales de notre société : riches/pauvres, ruraux/ citadins etc. La micro finance inclusive est aussi celle qui intègre dans ses offres de services, l’assurance, le transfert d’argent etc.…Donc au-delà de l’épargne et du crédit d’autres services sont offerts.

Avez-vous un message à l’endroit de tous les acteurs de la Micro-Finance au Niger ?
Mon message est que nous devons redoubler de beaucoup d’efforts pour réduire l’écart qu’il y’a entre notre pays et ceux de la sous-région (UEMOA) ; pour cela, nous devons faire preuve d’engagement, de réactivité et surtout d’intégrité.

La Stratégie Nationale de Finance Inclusive adoptée par les Pouvoirs Publics et appuyés par les Partenaires Techniques et Financiers, pourrait permettre de développer le secteur si tous les acteurs impliqués jouent véritablement leur partition.
Toutefois, il faut également que nous changions progressivement de paradigme en comptant sur nos propres ressources.

Par Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)

Source : http://www.lesahel.org/