Skip to main content

Entretien avec le président Ladan Tchana sur la politique nationale et internationale

«Selon les informations à notre disposition, il y a plus de mille (1000) conseillers à l’Assemblée nationale, le Mnsd-Nassara 500 conseillers, 300 pour le Pnds-Tarayya et le reste entre les partis de la mouvance au pourvoir. Si nous prenons un salaire moyen de 300.000 Fcfa multipliés par mille ça nous fait 300 millions/mois et si nous le ramenons à l’année, ça fait 3,600 milliards de Fcfa. Combien de classes on peut construire en matériel définitif pour éviter que nos enfants meurent dans les classes en paillote»

Si vous devez peindre la situation du Niger, quelle couleur mettriez-vous ?

Omar Hamidou Tchana dit Ladan : le tableau ne peut être que noir. Depuis que le président Mohamed Bazoum a usurpé le pouvoir, le pays est complètement à genou. On a plus de valeur, plus de repère. Chacun fait ce qu’il veut dans ce pays, il n’y a plus d’autorité, le pays n’est pas tenu, donc le tableau du Niger est complètement noir. Bazoum est président de la République depuis bientôt on va dix mois, diriez-vous donc qu’il ne porte pas très bien le boubou ? Ça c’est vous qui dites qu’il est président de la République. Vous savez nous, nous ne reconnaissons pas comme président de la République, les chiffres sont là, le président Mamane Ousmane a gagné, mais ses amis ont utilisé les institutions de l’Etat pour usurper le pouvoir. Mais nous continuons à nous battre, il y a eu le procès récemment de la Cour de Justice de la CEDEAO qui a mis son délibéré pour le 31 mai et nous continuons à espérer. Nous sommes sereins, parce que nous avons les vrais chiffres, nous savons ce qui a été fait. Les nigériens ont voté massivement Mamane Ousmane, parce qu’ils en avaient assez de la politique mise en oeuvre par le Pnds-Tarayya.

Vous savez que l’épilogue de la CEDEAO ne va rien changer ?

Peut-être, mais nous sommes déterminés. Vous savez on a l’habitude de dire partout où il y a la volonté, il y a toujours un chemin. Nous ne laissons pas Bazoum usurper le pouvoir. Donc vous ne l’appelez pas président de la République ?

Puisque le président n’est jamais été élu.

Officiellement il a été déclaré gagnant par la Cour Constitutionnelle ?

Par sa Cour Constitutionnelle.

Monsieur le président parlons maintenant de sécurité, ou d’insécurité c’est selon. On va dire que le Niger prend l’eau de toute part depuis temps, les plaies sont béantes partout, à l’exception de Zinder qui est relativement épargnée. Donc cette question de sécurité ou d’insécurité, qu’est ce que le régime n’a pas vu ou bien il refusait de voir selon vous ?

Cela traduit les origines même du Pnds, ce qui les intéresse c’est juste d’arriver au pouvoir, pas le bonheur des nigériens. Il y a peu de solutions. On aurait pu prendre le devant pour éviter aux nigériens de souffrir de l’insécurité, mais ce qui les intéressait ce n’est PAS la sécurité des nigériens, mais plutôt l’économie de la guerre. On a vu ce qui est advenue de l’affaire du ministère de la Défense nationale et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Le Pnds- Tarayya est incapable d’assurer la sécurité des nigériens depuis quelques temps.

Le pays souffert beaucoup, vous avez une pensée pour la population ?

Bien sûr pas seulement pour la population de Tillabéri, mais tous les nigériens qui soufrent. Il y a environ cent mille (100.000) enfants qui ne vont pas à l’école, il y a les classes qui sont fermées. Dans le Sahel il y a près de 23 millions de personnes qui sont dans une situation alimentaire difficile, il y a environ 3,500 millions déplacés. C’est l’échec même de la politique socialiste. Quand vous regardez ces trois (3) pays qui souffrent le plus de l’insécurité sont le Mali, dirigé le RPM du feu Ibrahim Boubacar Keïta, le Burkina Faso où le MPP du Jean Marc Christian Kaboré était aux affaires et le Niger de Mohamed Bazoum du Pnds- Tarayya, qui sont tous des partis membres de l’International socialisme. Le socialisme a vécu et porte ses valeurs ne fait qu’exacerbé la situation.

Vous avez déclaré que c’est la fin de la solidarité ouest-africaine ?

Mais bien sûr ça a commencé avec Laurent GBAGBO qui après avoir été battu, a refusé de rendre le pourvoir, puis leur ami Ibrahim Boubacar Keïta, ensuite Alpha Condé et le quatrième Rock Marck du Burkina et Bazoum Mohamed.

Monsieur le président à la crise sécuritaire s’est greffé le trafic de tout genre : de personnes, de la drogue, de carburant, d’armes, de l’or, de médicaments. Comment vous vous allez expliquer la vitesse et la permanence avec laquelle le Niger est devenu un couloir de passage de choix pour les trafiquants. Comment est-ce qu’on en est arrivé là ?

Vous savez les fleurs et les plantes ne poussent que sur une terre fertile. C’est parce qu’ils ont des amis dans les plus hautes sphères de l’Etat. Voila la raison. Aujourd’hui on sait qui ces trafiquants soupent ; on sait avec qui ils vont en voyage ; on sait avec qui ils passent les vacances vacances. Ce sont leurs amis du Pnds. Qu’on ne cherche pas ailleurs. Jamais le Niger n’a été aussi impliqué dans tous ces types de trafics et c’est ça la conséquence de l’insécurité.

Donc c’est parti pour durer ?

Bien sûr. Tant qu’on laissera le Pnds au pouvoir, jamais ces gens ne voudront résorber cette crise. Ils en profitent. Ils profitent de l’économie de la guerre. Qui fournit les armes ? Ce sont les militants du Pnds, nous savons que ce ne sont pas les militants de Lumana. ils sont tous des militants du Pnds-Tarayya. C’est pas pourquoi ni le Pnds, ni le président Bazoum n’ont pas la capacité de résoudre certains de leurs problèmes, les plus simples, les plus basiques.

Selon les experts l’ampleur de la fraude aux hydrocarbures devient persistante, on sait la proximité avec le Nigeria voisin, la hausse du prix à la pompe. Que diriezvous par rapport à ça.

Il y a deux phénomènes : le premier les raisons de la fraude, c’est le reversement. Le carburant qui est prévu pour être exporté, en hors taxe, est revendu à leurs amis du Pnds-Tarayya qui le revendent sur le marché, c’est ça le problème. Qu’on ne cherche pas à casser le sucre sur le dos du Nigeria.

La deuxième raison est que le Niger est producteur de pétrole, ils continuent à vendre ça à la pompe plus chère. Il est inadmissible qu’on paye le litre à 540F/L. Nous devons faire des efforts, parce qu’avant tout c’est le pétrole du Niger. Mais savez quand un gouvernement socialiste augmente le prix du pain, on ne peut pas attendre quelque chose de lui.

Monsieur le président, le Niger vit dans sa vie la plus chère. Les prix des denrées, des produits de première nécessité ne font qu’augmenter au quotidien. Que dites-vous par rapport à tous ça ?

Comment je le disais tantôt, la baguette de pain se vend aujourd’hui à 225, 250 voir 300 FCFA en certains endroits de la ville. De toute façon eux ça ne leur coûtent rien, eux et leurs amis.

Est-ce que c’est la faute du Niger, ce n’est pas une inflation mondiale ?

Vous qui êtes un journaliste, avec l’expérience, le terrain ou la parcelle qui se vendait, 3 à 4 millions, est acheté par ces gens à 10 millions. La maison qui se vendait à 30 à 40 millions, qui aujourd’hui est achetée à 70, 80 voir même à 100 millions parce qu’ils ont de l’argent et cet argent provient d’un système mafieux.

Mais justement à un moment vous faisiez partie de ce système. Qu’en est-il exactement ?

Oui tout à fait. Attention, je faisais parti d’un gouvernement pas du système. Il faut que les gens le comprennent, que ça soit bien clair : je faisait parti d’un gouvernement pendant presque sept (7) ans, parce que mon parti le Lumana, dont j’étais le Secrétaire général a aidé le Pnds à venir au pouvoir et c’est dans ce cas que je suis devenu ministre. D’ailleurs j’entends sur les réseaux sociaux certains de leurs militants qui leur reprochent cela. On peut bien sûr faire partie d’un système dont on n’est pas d’accord avec lui. Et tout récemment il y a un scandale à l’Assemblée nationale.

Monsieur le président on va parler de notre organisation, on va parler de l’Opposition. Le Niger semble être malheureusement l’un des rares pays au monde où l’opposition constitue un frein, un obstacle à la vie démocratique. Que pouvez-vous dire à cela ?

Non, je ne pense que ça soit le cas. C’est le pouvoir en place qui nous l’empêche, vous savez l’opposition essaie de se battre face à un pouvoir usurpé qui fait de la dictature aujourd’hui. C’est vrai que l’arrestation du président Hama Amadou nous a affaibli et ébranlé certains de ses militants, mais nous sommes en train de nous organiser, parce que justement Mohamed Bazoum et ses amis usent des moyens de l’Etat pour acheter des gens, intimider les opposants à travers la police, la gendarmerie et la garde nationale. Dans tout ça il y a la justice qui est utilisée par le pouvoir pour les déporter. Aujourd’hui, comme dans toutes les oppositions il y a deux catégories, dont la première que j’appellerais des résignés, les adeptes de la Fathia ou bien ceux qui sont décrispés qui participent nuitamment à réunions avec le régime et la journée ils sont parmi nous : la 2e c’est ceux qui sont qui déterminés pour qu’il ait un changement dans le mode de gouvernance de notre pays. Parce qu’il n’est plus question aujourd’hui pour laisser le Niger, si riche, tombé encore dans plus bas.

Les nigériens sont entrain de vous indexer de complices par rapport à cette mauvaise gestion du pays. Que répondiez-vous M. le président ?

C’est la méthode du Pnds-Tarayya, enfermé les opposants avec leurs épouses, avec leurs enfants, vous imaginez un peu ce que c’est. Comment est-ce qu’on traque le président Hama Amadou, est-ce que c’est ça la politique ? Bien sûr non !

Le président Issoufou Mahamadou est un homme politique beaucoup plus habile.

Ce n’est pas lui qui tirait les ficelles Mahamadou Issoufou ?

C’est Bazoum qui a plus besoin de Mahamadou.

Vous savez moi et mon parti on combat ces genres de méthodes, vous sommes des républicains.

C’est le choix de Mahamane Ousmane après la proclamation des résultats, soit descendre dans la rue, ou aller devant les juridictions compétentes, il a choisi d’aller devant les juridictions compétentes de la CEDEAO.

Pour cette question de Lumana, je pense qu’il faut la poser à Lumana qui peut bien répondre à ça.

Par rapport à ce pléthore de conseillers au cabinet du président de l’Assemblée nationale, dont certains sont de l’opposition. Où en est-on ?

Selon les informations à notre disposition, il y a plus de mille (1000) conseillers à l’Assemblée nationale, le Mnsd-Nassara 500 conseillers, 300 pour le Pnds-Tarayya et le reste entre les partis de la mouvance au pourvoir. Si nous prenons un salaire moyen de 300.000 Fcfa multipliés par mille ça nous fait 300 millions/ mois et si nous le ramenons à l’année, ça fait 3,600 milliards de Fcfa. Combien de classes on peut construire en matériel définitif pour éviter que nos enfants meurent dans les classes en paillote ; combien de puits ou de forages on peut creuser pour donner de l’eau à boire à nos compatriotes et les animaux ; combien de cases de santé on peut construire pour soigner les nigériens ; combien de recrues pour les forces de défense et de sécurité pour juguler l’insécurité. Je pense ce qui se fait à l’Assemblée est une faute politique. je dois d’ailleurs interpeller pour lui dire un mot au président de l’Assemblée nationale pour qui j’ai de l’estime pour lui dire que c’est sa responsabilité. Il doit se rappeler de ce qui s’est passé en France à la Mairie de Paris où Alain Jupé a payé, c’est ce qui est en train de se passer en France avec François dans le cadre des emplois fictifs. C’est sous leur responsabilité politique que ces emplois fictifs sont créés, et ça constitue un frein à la loi pénale. Je vais demander d’ailleurs à l’Assemblée nationale de donner la liste du personnel pour que les nigériens sachent exactement ce qui se passe au sein de l’Assemblée nationale. Il n’est que question d’être complices à un détournement des biens publics, l’article 41 est claire, les biens publics sont sacrés. Chaque personne à l’obligation de les préserver et les protéger, pour nous cette question est inadmissible. On na reproduit ce qui se passe à la présidence de la République dont la masse salariale est de 5 milliards de nos francs, c’était ce qui se passait à la primature, donc on dénonce le gouvernement de Bazoum comment il gaspille les deniers publics du Niger.

Interview de Niger 24, Scriptée par Arouna Yacouba