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M. Boubacar Moussa, président du Collectif des Associations Pastorales du Niger : «Les organisations pastorales sont plus que jamais déterminées à travailler pour garantir la souveraineté du peuple et une vraie indépendance du Niger»

Le Samedi 23 septembre 2023, les autorités Nigériennes ont lancé une caravane nationale de vaccination Zoo-sanitaire. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la réforme des activités de l’édition 2023 de la Cure Salée dont la tenue effective n’a pas été possible à cause principalement de la mauvaise campagne hivernale cette année. Ainsi, c’est dans le souci d’accompagner la résilience des éleveurs pasteurs et de préserver la santé du cheptel que cette caravane a été initiée par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie et le Gouvernement de Transition. Dans cet entretien réalisé à l’occasion du lancement de cette caravane à Ingall, le Président du Collectif des Associations Pastorales du Niger M. Boubacar Moussa a salué l’initiative et la tenue de cette activité, mais aussi formulé des recommandations dans le sens d’inviter le Gouvernement à accompagner davantage le monde pastoral. Le Président du Collectif n’a pas aussi perdu de vue le contexte actuel de notre pays.

Monsieur le président comment se portent les organisations pastorales au Niger ?

Les organisations pastorales au Niger essayent de jouer leurs rôles sur le terrain malgré le retrait ou le blocage de la plupart des partenaires financiers d’une part et d’autre part à cause des sanctions économiques imposées à notre pays à la suite des évènements du 26 juillet 2023. Malgré ces difficultés, le Collectif des Associations Pastorales du Niger (CAPAN) a, comme d’habitude, marqué de sa présence ce lancement de la campagne de vaccination Zoo-sanitaire ici à Ingall dans la région d’Agadez avec ses propres fonds.

Monsieur le président, cette année dans le cadre de la Cure Salée, le Gouvernement a apporté des reformes par l’initiation d’une caravane nationale de vaccination et de dépistage gratuit du cheptel. Plusieurs paramètres expliquent en effet cette réforme dont principalement la mauvaise campagne hivernale (une année très déficitaire dans la région d’Agadez). Comment les organisations pastorales ont-elles accueilli cette initiative ?

Les organisations pastorales ont favorablement accueilli cette façon de célébrer la Cure Salée compte tenu de la situation politique actuelle de notre pays mais aussi de la situation pastorale critique des régions d’Agadez et de Diffa. Cette initiative de lancer la caravane nationale de vaccination et dépistage du cheptel depuis Ingall est aussi bien accueillie par les organisations pastorales du Niger car elle met en avant la santé animale et à l’échelle de toutes les régions concernées. Nous encourageons cette manière de célébrer la Cure Salée et demandons que la vaccination et le dépistage soient élargis à d’autres maladies et à toutes les régions du pays pour une meilleure santé animale au Niger.

Monsieur le président vous avez pris part effectivement au lancement de cette caravane à Ingall. Quelles sont les principales attentes des éleveurs pasteurs aujourd’hui dans le cadre de cette caravane ?

Les principales attentes des éleveurs pasteurs sont que cette caravane de vaccination et dépistage puisse atteindre tous les éleveurs sans distinction aucune et quelle que soit leur position géographique dans les régions concernées c’est à dire Tahoua, Agadez, Maradi, Zinder et Diffa.

Monsieur le président l’une de vos missions c’est la défense des droits et intérêts des éleveurs pasteurs et de l’élevage au Niger. A ce sujet, vous avez évoqué la révision de la loi 61/005 du 26 mai 1961, peut-on savoir les raisons ou les motivations d’une telle option ?

La loi 61/005 du 26 mai 1961 avait tracé la limite nord des cultures de Ouallam (région de Tillabéri) à N’guigmi (région de Diffa) en passant par les régions de Tahoua, Maradi et Zinder. Aujourd’hui force est de constater que cette zone pastorale ainsi délimitée est largement envahie par le désert au nord et par les champs au sud sans parler de l’obstruction voire l’occupation des couloirs de passage et aires de repos des animaux dans la zone agricole. Face à cette situation, les éleveurs pasteurs qui possèdent des grands troupeaux sont de plus en plus obligés de se naturaliser avec leurs animaux dans les pays voisins qui sont de plus en plus exigeants. Cela constitue une grande perte pour l’économie Nigérienne. C’est pourquoi, la solution à ce véritable problème est, à notre avis, la révision de cette loi 61/005 du 26 mai 1961 dans l’intérêt de l’élevage et de l’économie du Niger.

Notre pays s’est engagé dans un processus de sa refondation depuis le 26 juillet 2023 sous la conduite du CNSP et du Gouvernement de Transition. Comment les organisations pastorales ont-elles accueilli cette action et quelle sera la contribution et le rôle des organisations pastorales pour la sauvegarde de la Patrie et l’indépendance réelle de notre pays ?

Les organisations pastorales membres du Collectif des Associations Pastorales du Niger (CAPAN) ont déjà pris position à travers un point de presse que j’ai moi-même animé le 13 Août 2023 à notre siège à Niamey. Point de presse au cours duquel nous avons pris acte du renversement du régime par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dénoncé les sanctions économiques imposées au Niger et condamné l’attitude belliqueuse de la CEDEAO et ses alliés.  Donc nous sommes pour la vraie indépendance de notre cher Niger. Les organisations pastorales sont plus que jamais déterminées à travailler pour garantir la souveraineté du peuple et une vraie indépendance du Niger.

Propos recueillis par Ali Maman ONEP/Agadez

Source : https://www.lesahel.org