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M. Assadeck Mohamed, Directeur Général du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) : « le FISAN se positionne comme un important outil de mise en œuvre de l’initiative 3N

En prélude à la  préparation des campagnes des cultures pluviales et irriguées 2023 qui vient de démarrer dans notre pays,  le Directeur Général du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) a répondu à nos questions pour davantage éclairer la lanterne des citoyens sur les actions que mène cette importante structure dans l’amélioration des conditions de productivité et de compétitivité du secteur agricole nigérien.

Monsieur le Directeur Général, présentez-nous de manière succincte le FISAN ?

Le Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) est un Etablissement Public de la catégorie Fonds Nationaux qui a pour mandat de promouvoir l’investissement public et privé dans le domaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et du Développement Agricole Durable (SAN/DAD) en vue de renforcer la productivité, la rentabilité et la compétitivité des activités agrosylvopastorales et halieutiques (ASPH). Ce qui permettra à terme de booster la création des emplois décents en milieu rural, accroitre les revenus des acteurs des chaines de valeurs agricoles et améliorer durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population nigérienne.

C’est pourquoi, le FISAN se positionne comme un important outil de mise en œuvre de l’initiative 3N « Les Nigériens Nourrissent les Nigériens ». Il est structuré en trois facilités à travers lesquelles sont pris en charge le financement des sous projets des promoteurs privés (Facilité 1), le financement des sous projets d’infrastructures structurantes portées par les collectivités (Facilité 2) et le financement des sous projets de conseil agricoles et de recherche agronomique appliquée (Facilité 3). 

 Parlez-nous des contributions du FISAN dans la préparation des campagnes des cultures pluviales et irriguées 2023.

Dans le cadre du financement des activités liées aux deux campagnes pluviales et irriguées 2023, le FISAN, en collaboration avec les Institutions Financières partenaires (Banques et SFD) a engagé le financement de plusieurs portefeuilles à travers le mécanisme de subvention adossée au crédit couplé à une couverture partielle de garantie. Nous avons quatre  principaux portefeuilles engagés que sont :

Six(6) portefeuilles régionaux sur ressources propres de l’Etat dont le processus a été lancé depuis l’année passée. A cet effet, 78 sous projets au profit de 363 bénéficiaires directs sont en train d’être financés dans les régions de Maradi avec la Banque Atlantique, les régions de Tahoua et Agadez avec la Banque Of Africa (BOA).

Il y a également le portefeuille du projet REEL MAHITA sur financement de la Coopération Belge avec 1285 sous projets du sous-secteur de l’élevage au profit de 6251 bénéficiaires directs dans la région de Dosso en partenariat avec les SFD Hinfani et Asusun Raya Karkara de Doutchi et dans la région de Tahoua avec Yarda Tarka Maggia de Madaoua. En plus, nous mettons en œuvre le portefeuille du projet NIG 028 sur financement de la coopération luxembourgeoise avec 180 sous projets de cultures pluviales, irriguées et transformation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques dans la région de Dosso avec les SFD Hinfani et Gomni. Nous avons enfin le portefeuille des sous projets spécifiques qui s’adresse à tous les sous-secteurs (fermes modernes, unités de transformation, Kits d’irrigation, etc) sur financement propre de l’Etat en collaboration avec plusieurs institutions financières.

 A titre illustratif des sous projets spécifiques, on peut citer les sous projets de kits d’irrigation SAI AIKI financé dans le cadre d’un protocole d’accord regroupant la Plate-forme Paysanne du Niger (PFP/N) qui représente les coopératives des bénéficiaires, la Banque Agricole du Niger (BAGRI), le Centre Africain d’Agrobusiness (CAAB) et le FISAN. Un premier lot de 100 Kits solaires d’irrigation est engagé dans la région de Dosso, mais notre ambition est de mettre en place 25 000 kits sur l’ensemble des régions du pays.

 Le FISAN a commencé à être  opérationnel. Pouvez-vous nous parler du niveau d’adhésion des autres acteurs ?

Effectivement le FISAN s’opérationnalise progressivement à travers la mobilisation des ressources internes et externes et leur canalisation vers les bénéficiaires à travers les trois facilités. Tous les acteurs sont en train de jouer leur partition, même si de temps en temps nous observons une lenteur administrative tout au long du processus de mobilisation des ressources. Pour illustrer mes propos, la situation actuelle se présente comme suit. Il y a d’abord l’Etat qui accorde une subvention qui varie de 1 à 1,5 milliards de F CFA au cours des exercices 2022 et 2023. Cette enveloppe qui a connu un doublement par rapport aux exercices 2020 et 2021 mérite tout de même d’être significativement rehaussée afin qu’elle serve de levier pour la mobilisation des ressources externes. Ensuite, nous avons  les Partenaires Techniques et Financiers qui  commencent à faire confiance au FISAN qui est impliqué dans la formulation et la mise en œuvre d’une dizaine de projets PRADEL et REEL MAHITA/Enabel, NIG 028 et NIG 032/Coopération Luxembourgeoise, PRISAN/AFD, SOFIA/AICS, PAPI 2/Coopération Suisse/Danoise et MIIPAC/KFW/UE ainsi qu’avec le SRBC/UE, le PACIPA/BM, le PRECIS/BAD. Puis les partenaires de mise en œuvre notamment les Institutions Financières (Banques et SFD), la SAHFI, l’ANFICT, l’APCA et le SP/CNRA avec lesquels le FISAN a signé des conventions de partenariat qui ont permis de financer à date 1175 sous projets au titre de la Facilité 1,  dix-sept 17 sous projets de la Facilité 2 et cinquante-sept (57) sous projets dans le cadre de la Facilité 3.  Enfin, les bénéficiaires finaux que sont les promoteurs privés, les organisations paysannes et les entreprises agricoles apprécient fortement les interventions du FISAN car, les mécanismes mis en place de manière progressive ont un double effet, celui de réduire les risques liés aux activités agrosylvopastorales et halieutiques et d’inciter les promoteurs et les institutions financières à s’engager dans le financement agricole.

En conclusion, la méfiance entre les demandeurs du financement et ceux qui offrent le financement est en train de se dissiper car, au nom de l’Etat, le FISAN joue le rôle de trait d’union, de catalyseur, d’incitateur et de fédérateur des initiatives en matière de financement agricole.  

Après les aspects opérationnels évoqués ci-dessus, de manière stratégique, quelle suggestion faites-vous pour booster le développement agricole ?

Le développement agricole a besoin d’une volonté politique qui s’exprime depuis l’avènement de l’initiative 3N, mais aussi  une attention soutenue est nécessaire dans la mobilisation et la bonne affectation des ressources financières au niveau des actions centrées sur l’intensification et la diversification des productions agrosylvopastorales au profit des jeunes agri preneurs, des organisations paysannes et des entreprises agricoles engagées en visant le renforcement de la productivité, la rentabilité et la compétitivité des filières.

Par ailleurs, personnellement, je plaide pour que l’écosystème du développement rural soit doté d’un code des investissements agricoles spécifique à travers lequel toutes les facilités et les incitations que l’Etat offre aux opérateurs ruraux soient regroupées dans un seul document qui précisera les actions et les acteurs éligibles, les modalités et conditions d’accès aux opportunités de financements agricoles et les obligations des bénéficiaires. Ainsi, en plus des avantages fiscaux consignés dans le code des investissements en République du Niger et les lois de finances, le code des investissements agricoles traitera de tous les autres avantages offerts par l’Etat et les collectivités notamment les différentes formes de subventions, les lignes de crédits spécialisées, les couvertures de garanties, les primes, les aménagements structurants, les facilités d’accès au foncier , les divers types d’appuis conseils et la recherche agronomique appliquée, la protection des investissements, etc.

L’adoption d’un code des investissements agricoles permettra au FISAN et aux autres intervenants de canaliser les ressources publiques de manière plus harmonieuse, efficace et efficiente afin d’éviter le gaspillage et la mauvaise affectation observés actuellement. Aussi, en cas de non-respect des obligations par les bénéficiaires (détournement d’objectifs, refus avéré de mise en valeur, etc ), le code précisera les sanctions à prendre.
ONEP
Source : https://www.lesahel.org