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Entretien avec le président l’Association pour la Promotion des Artistes Peintres et Sculpteurs du Niger : « Le dessin est pour moi un don, un choix, une passion et un objectif » déclare M. Ali Garba

Pouvez-vous monsieur le président, nous rappeler les objectifs visés, à travers la création de votre association, les actions menées et les défis à relever ?

Notre association a été créée depuis les années 1970. Entre autres raisons de sa création, on peut citer la promotion des artistes-peintres et sculpteurs du Niger au niveau national et international, l’échange entre les artistes nigériens et internationaux en participant aux résidences, les festivals, les marchés d’arts et les expositions. Il s’agit aussi d’aider ses membres à se perfectionner en créant des séries de formations de perfectionnement. L’association mènent diverses actions, dont l’organisation des formations, et stages avec des artistes des huit régions, l’organisation de expositions la participation à des foires et expositions nationales et internationales. A cela s’ajoutent la formation et l’initiation des jeunes aux arts plastiques, la participation aux concours du meilleur stand pendant la foire FICNI organisée par l’APEIC (Agence pour la promotion des entreprises et industrie culturelle du Niger).

Quant aux projets, on peut noter l’organisation de la semaine des arts plastiques qui sera une plateforme pour les artistes plasticiens de se rencontrer, échanger, montrer leurs travaux au public nigérien et la vente de ses œuvres. En ce qui concerne les défis, il y a surtout le recensement des artistes plasticiens sur l’ensemble du territoire du Niger, le classement des artistes par catégorie et par région, le renfoncement des capacités des artistes plasticiens et l’octroi et la mise en exécution de 1 % de la décoration des bâtiments publics.

Monsieur le président, vous aviez adopté la peinture comme métier, est-ce une passion, un objectif ou une simple coïncidence ?

Le dessin est pour moi un don, un choix, une passion et un objectif. Depuis le bas âge, au primaire, je dessinais beaucoup et reproduisais les personnages des bandes dessinés, des joueurs internationaux et certaines photos qui me plaisaient. Je dessinais avec le stylo pour décorer notre chambre jusqu’en 1985. C’est précisément en cette année que mon oncle m’avait informé de l’ouverture d’un atelier de dessin et de peinture au CCOG. C’est ainsi que j’avais décidé d’abandonner les études pour aller me former en dessin et en peinture. C’était mon oncle qui m’avait aidé en me payant les frais d’inscription qui étaient de 5.000 F et l’achat des fournitures. C’est le début de ma carrière. Après trois années de formation suivie d’exposition à la fin de chaque année, j’ai été sollicité en tant que vacataire de 1989 à 1993. J’ai décidé d’arrêter tout pour me consacrer exclusivement à ma carrière professionnelle. En 1989, je faisais partie des artistes sollicités par la BCEAO pour la décoration en ayant la commande de réaliser deux œuvres. Peu après, j’avais participé à un concours de peinture sur la planification organisé par le Ministère en charge de la Culture où j’avais remporté le 3ème prix.

L’artiste expose sur les murs de son atelier…

Outre le dessin et la peinture, avez-vous reçu d’autres formations complémentaires pour affûter votre savoir-faire ?

Effectivement peu après, je me suis inscrit au CFPM en 1993 et je faisais partie de la première promotion en musique, comme pianiste. La même année, j’ai intégré la Troupe de Théâtre Zumuntchi. Nous avions monté et joué la pièce épique Bakari Dja Koné écrite et mise en scène par feu Moumouni Djibo à Dosso, au CCOG, au Palais des Congrès et au CCFN. J’ai suivi une autre formation auprès d’un Japonais en prise de vue pendant trois mois. J’ai fait mon stage à la RTN pendant trois mois. Ces formations m’ont permis de participer à plusieurs stages en peinture organisés par le CCFN. En 1993 j’ai rencontré feu Moustapha Allassane qui m’a proposé de travailler avec lui sur des films de dessins animés pendant cinq mois à Tahoua. De retour à Niamey, j’ai intégré la troupe « les Tréteaux d’Arlequin ». Nous avions monté et joué la pièce Rhinoceros de Yenesco au CCFN. En 1994 j’ai participé à la création des Tréteaux du Niger. Le CCFN avait fait appel à moi en tant que membre-fondateur. Nous avions fait une tournée de spectacles de théâtre au Niger, au Togo, au Benin, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, au Tchad, au Ghana, en Afrique du Sud, au Maroc, au Liban, en France, en Belgique.

Monsieur le président, pouvez-vous nous rappeler vos contributions en termes de savoir-faire pour aider les jeunes ?

 J’ai toujours partagé mon expérience avec les jeunes et d’autres professionnels. Pour preuve, j’étais professeur de dessin et peinture à l’atelier de dessin et peinture du CCOG pendant quatre ans, professeur de dessin à l’EFAC de Niamey pendant cinq ans. Je donne des cours privés à des particuliers de septembre 2022 à mai 2023. J’ai formé 300 jeunes de six écoles de la région de Zinder notamment Takiéta, Myrriah, et Zinder ville en dessin peinture, décoration et initiation en dessin animé avec l’accord et le soutien du CCFN de Zinder notamment son directeur, M. Bawa que je remercie au passage pour la confiance placée en ma modeste personne. Il y a un mois, nous avions formé 11 jeunes venus de toutes les régions du Niger grâce à l’appui du Ministère en charge de la Culture. J’ai aussi formé un groupement de femmes en situation de handicap en décoration. Actuellement, je suis professeur d’art plastique au CSP Aliguran.

Qu’est-ce qui vous a beaucoup marqué dans ce métier ?

Trois choses m’ont beaucoup marqué. La première fois, c’est lorsqu’un ambassadeur d’une puissance étrangère au Niger a acheté une de mes œuvres. On était chez moi avec lui et comme mon père était un ancien combattant dès qu’il nous a vus rentrer, il s’est mis au garde-à-vous. Une fois qu’on est ressorti, le papa m’avait dit : ‘‘mon fils comment as-tu fait pour faire déplacer un ambassadeur jusque chez moi ?’’ Je lui ai répondu que c’est grâce à mon travail. Il était fier de moi.

La deuxième fois, c’était lorsque j’étais invité de l’OIF au Liban en 2001 pour une exposition d’artistes internationaux pendant un mois. Cela m’avait permis de rencontrer et d’échanger avec d’autres artistes et d’être dans un réseau international des acteurs du domaine. J’ai pu négocier une tournée pour les Tréteaux du Niger au Liban en 2002. La troisième fois, c’est lorsque j’étais sélectionné parmi les quatre artistes invités à la foire Arco à Madrid en Espagne où j’ai eu l’occasion de serrer la main de la Reine dudit royaume et du ministre de la Culture Brésilien, un artiste chanteur. C’était une surprise et un plaisir énorme.

…de nombreux ouvrages qu’il a réalisés

Ces expériences ont marqué ma vie et m’ont données plus d’espoir et de courage. Grâce à cette persévérance, j’ai des copies de mes œuvres aux sièges de l’ONU, l’UEMOA, la BCEAO, l’OIF, dans certaines banques de la place et dans plusieurs revues et catalogues internationaux.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle de notre pays ?

Nous avions un regard positif sur les autorités du CNSP et nous avons d’ailleurs apporté notre modeste contribution en réalisant un portrait du Général de Brigade Abdourahamane Tiani. Nous avions été reçus par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et nous avions fait nos propositions. Nous collaborons aussi avec le Fonds de Solidarité pour la sauvegarde de la partie (FSSP) en apportant notre soutien à travers la sensibilisation de nos compatriotes sur les objectifs de ce fonds afin qu’ils participent à cet effort national.

Réalisé par Mamane Abdoulaye (ONEP)