Diplomatie : Quand le chef de la diplomatie française au Niger dérape
Le Niger, bon élève de la France, est finalement ce pays que la France ne sait pas respecter, ne serait-ce que pour les soumissions et les servilités de ses dirigeants très peu en phase avec leur peuple. Une publication, la semaine dernière du Chef de la diplomatie française au Niger, le sieur Sylvain Itté qui prétendait pourtant venir au Niger pour soigner le discours et l’image abîmée de son pays, a été une source de nouvelles frustrations. Dès ses premières offensives, les Nigériens ont pu voir les défaillances de l’homme qui ne pas être capable de la mission dont le chargeait le président Emmanuel Macron. Sa lecture très réductrice de nos malaises et de nos malentendus avec «sa» France était d’autant plus en décalage qu’il ne pouvait avoir suffisamment de lumière sur le problème et donc d’entrevoir les solutions qui s’y prêtent.
«C’est le nom par lequel l’on se définit qu’on vous appellera», confie un adage nigérien. Quand on voit les réactions des Nigériens sur la toile, avec ici de l’indignation, là de la colère qui crie, l’on ne peut que comprendre à quel point les propos du diplomate ont heurté, outré et blessé les Nigériens. Presque unanimement, ils avaient proscrit les propos de l’ambassadeur français, ne pouvant pas comprendre comment un autre, même du haut de son regard colonial sur le pays, pouvait avoir tant de mépris pour un peuple et pour un pays, le seul qui lui reste encore dans la sous-région pour espérer s’y appuyer pour revenir dans la zone. Finalement, avec un tel discours l’on se rend compte que le diplomate sur lequel compte l’Elysée pour reconquérir nos âmes, n’a pas les talents requis pour sa mission et déjà, depuis les premiers discours tenus à l’Université en face de la société civile nigérienne, l’on avait commencé par s’inquiéter d’un homme qui n’a toujours pas fait la paix avec le passé colonial de son pays, continuant à croire qu’on peut encore se permettre encore de parler d’une certaine manière aux africains, développant un discours de mépris à l’endroit des Nigériens. On se rappelle que le président nigérien, Bazoum Mohamed, lui-même, prêtait le flanc à ce qu’un tel discours soit propagé notamment lorsqu’il disait que, récusant notre souveraineté, les Nigériens n’avaient qu’à refuser les routes construites par l’Union Européenne, ne pouvant pas reconnaître que ce qu’un autre, la France ou un autre, aura fait chez nous ce n’est pas pour nos beaux yeux mais pour quelques intérêts. Peut-il d’ailleurs reconnaître que l’uranium nigérien profite plus à la France qu’au Niger même quand il peut prétendre que ce minerai ce n’est rien pour nous ? Mais nos socialistes sont de la même trempe. Avant lui, n’est-ce pas Issoufou qui, pour convier, sans la manière les troupes étrangères chez nous, s’en justifiait en disant que sans elles, notre «armée serait sourde et aveugle» ? Nous sommes dans la continuité de ce regard complexé de notre rapport à la France.
On ne peut pas parler de cette manière d’un peuple ou de ses dirigeants ainsi que la France acculée l’a fait depuis qu’avec les maliens, elle ne trouvait pas les larbins qu’elle espérait pour lui obéir au doigt ainsi qu’elle en a l’habitude sous nos tropiques. On ne peut pas se moquer de la dignité des Africains en se comportant de cette manière qui ne laisse aucune place aux obligations de retenue auxquelles soumettent les règles de la diplomatie. Sylvain Itté ne rassure plus dans ses missions et les Nigériens ont de quoi se préoccuper de l’activisme débordant de l’homme, de ses discours très décalés qui heurtent et blessent. On n’est que peu surpris, quand on sait les complexes des nôtres dans leurs relations avec le «maître blanc» à ne pas savoir avoir une parole noble face à ceux qui sont leurs «grands électeurs», pour avoir pour nous et pour incarner notre souveraineté assumée, un discours qui nous rend nos fiertés. Le système, comme il fallait s’y attendre, ne peut pas interpeller le diplomate français pour l’appeler à l’ordre ainsi que d’autres peuples peuvent le faire depuis qu’un nouveau vent souffle sur l’Afrique avec une jeunesse désormais debout. On a vu, comment tous ceux qui ne jouent pas à la neutralité, au Burkina et au Mali, avaient été déclarés persona non gratta et renvoyés dans leurs pays. Depuis des jours, l’Algérie qui n’appréciait pas un jeu trouble de la France a appelé son ambassadeur et ses relations à peine apaisées après le ballet diplomatique français, porte aujourd’hui les vieilles tensions difficiles à dissimuler quand la France reste ellemême, incapable de changer visà- vis de ses partenaires africains.
Il est temps de faire des choix stratégiques dans le pays, pour notre fierté de peuples dignes et fiers, pour l’avenir de notre pays et de ce que nous voulons qu’il soit pour les générations montantes. Si nous ne savons pas travailler et transformer certaines ressources aux technologies très poussées, ne pouvons-nous pas exploiter et distribuer au moins l’eau, l’extraire de sous-sol pour laisser un autre venir s’en occuper jusqu’à avoir ces arrogances qui nous blessent et nous humilient ?
D’autres, plus méchants, pourront dire que les Nigériens auront mérité ce qu’ils ont eu avec cet ambassadeur car n’estce pas eux qui, avec Issoufou, alors que tous les pays africains refusaient de signer les lois contre la migration que l’UE importait chez nous, pour des fonds miroités qui corrompaient les consciences des nôtres, on signa le document pour faire ainsi du Niger le premier client de la France devant les guichets de l’UE. Un ambassadeur nigérien, parlant de l’uranium nigérien et de l’électricité distribuée et vendue en France par EDF, peut-il parler en de termes semblables ?
Mais les propos du français ont de quoi, au moins, faire réfléchir nos dirigeants, pour savoir ce qu’il faut privatiser et avec quel partenaire. Comment des dirigeants responsables, peuvent- ils mettre entre les mains d’un autre, l’eau que boit leur peuple, une ressource nationale vitale que l’on ne saurait importer et mettre dans les mains d’un autre.
Cette France d’Itté doit apprendre à nous parler et à parler de nous ; à nous respecter même. Il est dommage d’ailleurs que l’on n’ait pas entendu les acteurs de la société civile se prononcer sur cette gaffe inacceptable du diplomate français. Il est vrai que des acteurs politiques, des intellectuels et des journalistes ont pu exprimer leur indignation face aux propos méprisants tenus par Monsieur l’ambassadeur Itté mais il reste que face à la gravité des propos, on devrait s’attendre à entendre davantage d’autres acteurs.
L’eau du Niger est aux Nigériens, Le Niger est aux Nigériens ; la France aux Français. C’est ça, la vérité.
AI