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Assimi Goïta, une nouvelle légende africaine

Le Chef de la Junte malienne est un homme peu bavard, ainsi qu’on le veut pour tout bon soldat, demeurant discret mais efficace. Poussé par une certaine fibre patriotique, avec ses camarades, il ne put regarder son pays s’effondrer dans les mains de médiocre politiciens qui ne visent que leurs intérêts, incapables d’agir pour l’intérêt général, et surtout, prêts à sacrifier leur pays et sa cohésion, sa quiétude et sa prospérité, sur l’autel de leurs appétits insatiables. Pendant que la France peut se plaindre d’un double coup d’Etat qu’elle montre du doigt à chaque occasion, pour les observateurs avisés, son action ne se justifiait que parce qu’il aura constaté que celui qui dirigeait la transition, déviait de la trajectoire tracée, soupçonné en ce moment sans doute d’être récupéré par la France pour laquelle, il pourrait avoir pris faits et causes pour ne plus se mettre au service du peuple malien et de la cause qui justifiait le coup de force. Et l’homme est resté constant dans ses choix, ne regardant que ce qui peut faire le bien du pays, disant à des moments, pour rétorquer à des gens qui cherchent sa peau, qu’il est prêt à mourir pour son pays, car, du reste, c’est pour cela aussi, qu’il embrassait le métier des armes, rétorquant à qui veut l’entendre, qu’il a toujours côtoyer – et tous les jours – la mort pour ne pas en avoir peur, pour ne plus s’en effrayer, et ce si tant est que c’est pour la bonne cause : la nation malienne sous le drapeau de laquelle il a servi. Et ce discours a été entendu et compris et depuis lors, l’homme a fait corps avec son peuple, communiant avec l’ensemble des Malien, et ce nonobstant, des voix rayées, manipulées pour être entendues comme des voix discordantes dans un Mali nouveau où l’harmonie au sein de la nation, obligeait à rallier la cause commune que portent et défendent les militaires au pouvoir, même quand on les accable du terme peu glorieux de « junte » qu’aiment tant prononcer les autorités françaises qui tenaient à les rabaisser dans une Afrique qui les magnifie pourtant.

Un soldat qui est devenu une icône pour une certaine jeunesse africaine…

Sankara est mort, mais au Mali, en un autre soldat, naissait un nouveau Sankara, mais moins versé dans la rhétorique révolutionnaire du premier, préférant plus l’action à la beauté souvent inutile du verbe. Partout en Afrique, au-delà des frontières du Mali, l’on voit se dégager une forte sympathie panafricaniste pour le nouvel homme fort du Mali, héritier de Soundjata Keita, et de Soumangourou Kanté. On ne peut pas être plus digne fils ! L’Afrique a besoin de libérateurs, de dirigeants charismatiques, engagés pour sa libération totale, de leaders capables d’assumer sa souveraineté et de rêver pour elle. Depuis lors, plus que de compter sur une armée, Goïta, avait ce bouclier inattaquable que constitue la force du peuple et son amour pour le dirigeant dont il partage la vision, comprend les motivations. Nicolas Machiavel, dans Le Prince, ne se trompait pas quand il conseillait à ceux qui gouvernent de compter moins sur les armes pour travailler à trouver quelque place dans les coeurs des peuples. On a vu, chaque fois que l’Extérieur, avec en tête la France, tentait de délégitimer la Junte, le peuple, comme on ne l’a jamais vu ailleurs, sortait massivement pour lui apporter son soutien, tenant un discours révolté et hostile à l’égard de la France.

Dans le pays, les artistes, à son honneur célèbrent sa bravoure de soldat engagé pour la nation, chantent mille et une mélodies dont la toile est aujourd’hui « meublée », le plaçant au rang de messie. Quel autre dirigeant, si ce n’est à ses frais, souvent sur commande, pouvait avoir à sa gloire, tant d’éloges venant d’artistes qui croient à ce qu’il fait et ce qu’il dit ?

Mais qui est cet homme emblématique dont rêvent d’avoir toutes les Afriques ?

Assimi Goïta est ce jeune officier de l’armée malienne qui avait dirigé le coup d’État militaire du 18 août 2020 dernier contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Excédé par la gestion peu orthodoxe sous IBK, il prit, comme au Niger un 15 avril 1974, « ses responsabilités » devant l’histoire pour répondre à des colères populaires jamais entendues par un socialiste – ils sont de mode dans la région au gré de la conjoncture politique en France – qui ne rêve que de gloires personnelles. Âgé de 39 ans voire 40, le nouveau chef de l’État est un colonel de l’armée malienne peu connu du grand public, mais connu dans son institution qui l’a révélé, pour ses hauts faits d’armes. On comprend que l’homme soit ainsi célébré comme un digne fils du pays, et au-delà, de toute une Afrique, si orpheline ces derniers temps de tels enfants qu’elle ne peut trouver que dans son histoire, quand ceux d’après indépendance, se complaisent dans la larbinisme et la collaboration proscrite.

Un soldat pur et dur…

C’est par la force de ses bras, son courage militaire qu’il est là où il est et il sait pourquoi il est venu au pouvoir pour ne pas se laisser manipuler par un autre qui voudrait lui dicter un agenda qui ne le concerne pas. C’est pourquoi, pour garder la maison, il en fait sa chose, laissant la gestion de la parole politique à d’autres, notamment à son Premier Ministre et à son Ministre des Affaires Etrangères, chacun jouant sa partition pour l’harmonie de leur équipe qu’on tente par quelques subterfuges de détruire. Mais ils sont aguerris, admirés par l’ensemble des Africains qui envient leur clairvoyance et leur patriotisme. Assimi Goïta est diplômé de grandes écoles militaires, en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis. Son expérience militaire est aussi assez riche pour avoir fait l’expérience de la guerre sur différents fronts, notamment dans le cadre de plusieurs opérations de guerre tant dans son pays qu’à l’extérieur du Mali. Jusqu’à la date de sa prise du pouvoir, le 18 août 2020, il était aux commandes du bataillon autonome des Forces spéciales, une unité d’élite de l’armée malienne qui avait justement la responsabilité de lutter contre le terrorisme.

On apprend d’ailleurs qu’il est lui-même, fils d’un ancien officier de l’armée de son pays, et pourrait, après avoir baigné dans un tel environnement, avoir grandi avec cette passion pour les armes, continuant à l’assumer même dans un contexte où il se sait visé par bien de forces obscures qui voudraient sa tête parce qu’il ne s’est plié aux injonctions de la France dominatrice.

Le réveil du Lion…

Légitime héritier de ceux qui, dans l’Histoire de l’empire, avaient fait la gloire du Mali, Goïta, est comme, ce Soundjata Keita, qui un jour décida de marcher, se relevant de plusieurs années de paralysie qui le clouait au sol, pour se révéler à son empire comme son prochain libérateur, comme son guerrier indomptable. Depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir, le Mali humilié par un terrorisme téléguidé, a fini par relever la tête pour marcher dignement dans le monde, pouvant désormais avoir un discours décomplexé à l’égard de la France contre laquelle, il a la hardiesse de porter sans gant toutes les accusations, allant jusqu’à se plaindre, non sans avoir des preuves, en Etat souverain, au niveau des Nations-Unies du comportement que cette France chassée de son territoire avait pour compliquer sa situation alors qu’officiellement, elle prétendait venir pour l’aider à combattre la violence terroriste. Désormais, des Nègres, peuvent d’égal à égal, parler à des « colonisateurs » qui ne peuvent pas changer dans l’esprit, tenus par leurs complexes, à humilier toujours, l’homme noir. Le Mali a donné cette fierté aux Africains, hier humilié quand, Emmanuel Macron, irrité par l’hostilité exprimée sur le continent face à sa présence militaire décriée, elle pouvait convoquer chez lui des dirigeants de pays souverains à venir lui dire expressément, et sur un ton paternaliste, s’ils veulent encore, oui ou non, que ses soldats restent dans leurs pays, demandant qu’ils le lui signifient par une demande motivée, peut-être manuscrite. Ils s’exécutèrent et allèrent, tout tremblant de peur, pour se mettre aux pieds du Maître, pour demander sa protection.

Les Africains ne veulent plus de ça : ils veulent des dirigeants responsables, capables de relever la tête. Bazoum Mohamed, en un moment, pendant les premières semaines de son entrée en fonction, lors d’un point de presse à l’Elysée, devant Macron, avait ce discours audacieux. Mais il était encore bleu dans le pouvoir. Depuis l’homme a été formaté, et il est devenu le chantre premier de la Françafrique, jouant une France dont se plaint aussi dans son pays qu’il offre à l’armée française pour s’installer sans qu’on ne sache pour quelle durée.

Par Waz-Za