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Alassane Ouattara : Un déstabilisateur régional !

Rien ne va plus, sur le plan diplomatique, entre la Côte d’Ivoire et le Mali, deux voisins frontaliers. A l’origine de cette brouille diplomatique, la présence, sur le sol malien, de quarante (49) neufs soldats ivoiriens, interpellés et détenus par les services de défense et de sécurité du Mali, depuis le 10 juillet dernier. D’après le porte-parole du Gouvernement malien, le Colonel Abdoulaye Maïga, il s’agissait de mercenaires ivoiriens, car, lors de leur interrogatoire, ces derniers avaient donné des versions différentes sur les raisons de leur présence au Mali. Et du côté ivoirien, on n’en sait pas plus sur les raisons de ce déploiement militaire (armes et autre logistique militaire), venu dans deux aéronefs et ayant atterri à l’Aéroport international Modibo Keïta de Bamako.

Alors, pour les autorités de la Transition politique malienne, nul doute qu’il s’agissait d’une tentative de déstabilisation du Mali, à un moment où l’on ne s’y attendait guère, surtout après la levée, par la CEDEAO, lors de son dernier Sommet d’Accra, des sanctions économiques et financières décrétées, en janvier dernier, qui frappaient le pays. Pour Bamako, c’était-la la deuxième tentative de déstabilisation du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), contre les autorités de la Transition malienne depuis que l’Etat du Mali a décidé de revoir sa coopération stratégique bilatérale et multilatérale. Dans quel intérêt la patrie d’Houphouët Boigny s’invite-t-elle, régulièrement, dans les affaires politiques internes au Mali, en violation flagrante des règles et principes de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain, tels que proclamés par la Charte des Nations Unies et celle de l’Union Africaine (UA) ? Vaste et délicate question qui trouverait sa réponse dans l’Histoire sociopolitique de toutes les anciennes possessions coloniales françaises. En effet, comme vous le savez déjà, ces derniers temps, un fort sentiment anti-français est apparu au sein des opinions publiques africaines, d’une manière générale, mais particulièrement auprès de la jeunesse de l’Afrique francophone, souvent aux accents de radicalité, qui s’indignait de la place peu glorieuse qu’occupaient leurs pays dans le concert des nations. Pour ces jeunes de l’Afrique francophone, si leurs pays respectifs peinaient encore à sortir du sous-développement et de la pauvreté, c’était, en grande partie, dû aux relations très verticales entre Paris et ces Etats, relations qui maintenaient ces derniers sous un statut d’éternels assistés, en dépit des énormes richesses naturelles locales. Du reste, ce sentiment anticolonial n’est pas un fait nouveau sur le continent africain, car, il jalonne, de part en part, toute l’Histoire tumultueuse entre la puissance colonisatrice et les colonies. Mais, ce qui a changé, de nos jours, d’avec les décennies antérieures, c’est sans doute la mondialisation, l’ouverture des Etats d’Afrique aux autres parties du monde, qui aura permis à ces pays de nouer des relations commerciales plus équilibrées, plus équitables avec de nouveaux partenaires économiques (Chine, Inde, Turquie, Brésil, Russie, Qatar, Emirats-Arabes-Unis), au détriment du traditionnel partenaire hexagonal. A la vérité, le déclassement économique et commercial contemporain de la France a beaucoup contribué à renforcer les jeunes africains dans leur conviction de l’absolue nécessité de concevoir un modèle de développement économique et social en rupture totale avec ce schéma désuet et suranné hérité du passé. Cependant, dans cette aspiration souverainiste, les Etats d’Afrique francophone n’ont pas, toujours, joué le même jeu, sans doute à cause de la grande force de l’ancienne métropole coloniale de désunir pour mieux régner, en privilégiant certains Etats au détriment des autres. Et souvent, dans ce rôle ingrat, se sont retrouvés les Etats comme la Côte d’Ivoire, la fille aînée de la France, et aussi le Sénégal qui fut la porte d’entrée principale en Afrique occidentale pour le Coq gaulois. Mais, c’est surtout la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny qui incarnera le mieux ce rôle de ‘’juif de service’’ pour faire avorter toutes velléités d’indépendance totale des Etats de l’ex-AOF (Afrique Occidentale Française) vis-à-vis de la France. Tout le monde sait les rôles joués par Houphouët et Senghor dans cette configuration de l’Afrique francophone postcoloniale, difficile à évoquer dans un si court article de presse.

Néanmoins, malgré cette chape de plomb décrétée sur les aspirations souverainistes par ces suppôts de l’ancien colonisateur, le sentiment anti-français dans le reste de l’Afrique francophone n’a fait que se renforcer, au fil des années.

 C’était, d’ailleurs, dans ce sillage que s’inscrivait le projet de la création d’une monnaie commune au sein de l’espace de la CEDEAO (dénommée Eco), pour mettre un terme au CFA, jugé trop attaché à la France, et aussi pour éliminer les monnaies inflationnistes nationales que sont la Naira nigériane et le Cedi ghanéen. A ce niveau aussi, qui pour faire échec à cette entreprise salvatrice pour cette région ? Alassane Dramane Ouattara, naturellement, marchant dans les pas de son père spirituel, Houphouët, va voler au secours de la France, en acceptant d’accueillir, sur le sol ivoirien, le président français, Emmanuel Macron, aux fins de torpiller la création d’une monnaie commune véritable en Afrique occidentale, avec comme tout ce que cela comporte comme conséquences en termes de souveraineté et de création monétaires. Et depuis, ça été le flop pour l’éco qui ne serait plus, alors, qu’un CFA bis, dont la différence avec ce dernier résiderait uniquement dans la dénomination. En réalité, on connaissait le deal passé entre ADO et Macron, dans cette affaire : fermer les yeux sur le troisième mandat d’ADO contre le maintien, sous une forme ou sous une autre, le CFA. Or, on savait, lors de son accession au pouvoir, l’intransigeance que le président Macron affichait à l’égard de ces sempiternelles triturations constitutionnelles opérées par certains autocrates africains pour se maintenir perpétuellement au pouvoir. Mais, au nom des intérêts supérieurs de la France en Côte d’Ivoire, le pensionnaire de l’Elysée était prêt à un tel reniement, car, au fond, devait-il se dire, qui mieux qu’ADO pour veiller sur les intérêts du pays de Gaulle dans celui des éléphants d’Afrique ? Rappelez-vous également l’épisode malheureux de l’assassinat du père de la révolution burkinabé, Thomas Sankara, en octobre 1987, par son ami, Blaise Campaoré, avec la bénédiction de la France et de la Côte d’Ivoire. Et où Blaise avait-il trouvé refuge, après sa chute, en 2014 ? N’est-ce pas en Côte d’Ivoire ? Et quant à son frère, François Campaoré, commanditaire de l’assassinat du journaliste indépendant, Norbert Zongo, où avait-il également trouvé l’asile ? N’est-ce pas en France ? Récemment encore, qui étaient aux manoeuvres dans le retour au bercail de Blaise, après huit ans d’exil passés en Côte d’Ivoire, en dépit de la sentence du tribunal spécial qui le condamnait, pourtant, à mort pour l’assassinat de Sankara ? Ce sont toujours la France et son bras séculier en Afrique francophone, à savoir ADO.


D’accord que Blaise rentre chez lui, mais qu’il aille garder prison, dans ce cas-là, comme tous ses co-jugés dans cette affaire ! Dans le cas échéant, quel respect pour la mémoire collective burkinabé et de la crédibilité ultérieure de la Justice du ‘’pays des hommes intègres’’ ?

Comme on le voit, c’est ADO le facteur numéro un de la déstabilisation actuelle de l’Afrique francophone occidentale, perpétuant ainsi le funeste héritage du natif de Yamoussoukro dans la vassalité à l’ancien maître colonial. Mais, ADO se trompe lourdement, car les temps ont bien changé, et le complexe d’infériorité qui habite toujours les gens de sa génération est inconnu de cette jeunesse montante totalement démystifiée et décomplexée devant un roi désormais nu !

 Sanda