Pétrole vs Coronavirus / Une corrélation négative qui impacte l’économie des pays africains ! : Par Ing. Mahaman Laouan Gaya
Voilà un peu plus d’un an que le monde et l’Afrique avec, assistent impuissants à un bouleversement du marché du pétrole dont la raison contrairement à celles traditionnellement connues est tout à fait inattendue et inédite. En effet, en Décembre 2019, et de façon plus marquée tout au long de l’année 2020, un phénomène plus inédit qu’inattendu fait son apparition et bouleverse tous les pronostics et prévisions à court et moyen termes du marché international du pétrole ; situation que certains analystes ont qualifiée de ‘’cygne noir‘’. Ce phénomène qui n’est autre qu’une crise économique née d’une double crise sanitaire et pétrolière. Je précise d’emblée que l’effondrement actuel des cours du baril de pétrole (son cours actuel est bien en dessous de celui de Janvier 2020) n’est pas uniquement dû à l’apparition du Covid-19 ; mais cette pandémie est allée au-delà du marché international du pétrole pour gagner toute l’économie réelle mondiale. Les pays africains riches en pétrole sont aussi confrontés, à la fois au choc de la pandémie du Covid-19 et à l’effondrement des prix du pétrole, ce qui les expose à de nombreuses vulnérabilités. La situation est d’autant plus alarmante, que la plupart de ces pays continuent à souffrir de cette chute des prix du brut amorcée depuis Juin 2014. Cette nouvelle crise aggrave une situation économique déjà très difficile. Cependant, elle ne peut pas être assimilée à une simple réplique de la crise des subîmes de 2008 qui s’est, en son temps rapidement propagée aux Etats-Unis et contaminer toute l’économie mondiale. Alors qu’en 2008, c’est une crise immobilière née aux Etats-Unis, muée en crise financière qui avait brutalement frappé l’économie réelle, cette fois-ci, c’est l’inverse ; l’effondrement de l’économie réelle due à une crise sanitaire et une crise pétrolière qui provoquent une crise financière d’envergure mondiale. Cette crise n’a pas d’équivalent dans l’histoire contemporaine, et elle a plongé tous les pays du monde et chacun de nous individuellement dans les moments les plus difficiles de son existence. L’Afrique bien entendu n’est pas épargnée par cette crise multiforme. Ses effets se font durement sentir, particulièrement dans les pays entièrement tributaires des matières premières de base (ressources extractives, agricoles,…) et dont les échanges commerciaux sont plus importants avec le reste du monde qu’avec leurs voisins africains. Cette pandémie entraînera des perturbations économiques d’une ampleur monumentale, créera une période dangereuse et instable sur de multiples fronts (politique, social, géopolitique, environnemental,). Aucune société, industrie ou entreprise ne sera épargnée par l’impact de ces changements, et des millions d’entreprises et industries vont disparaître et de nombreuses autres seront confrontées à un avenir incertain. En soi, la pandémie ne peut pas totalement transformer le monde, mais accélérera inévitablement de profonds changements et autres modifications sur les plans géopolitiques, politique, économique, social,...
I - Propagation planétaire du Covid-19
Déjà ‘’exporté‘’ dans tous les pays du monde, le coronavirus constitue désormais un fléau international et au vu de sa très rapide propagation, son impact a atteint tous les secteurs de l’économie mondiale. De nombreux investisseurs et analystes ont vite fait des comparaisons avec les épidémies et pandémies que le monde a connu depuis le début de ce 21ème siècle. Comparaison n’étant pas raison, il y a toutefois lieu de rappeler que les dernières importantes épidémies et pandémies ont eu pour conséquences des pertes économiques chiffrées à plusieurs milliards d’euros dans le monde. Ainsi, dans un rapport publié en 2018, le Global Preparedness Monitoring Board (GPMB), entité conjointe de l’OMS et de la Banque Mondiale, annonçait qu’entre 2002 et 2003, l’épidémie de SRAS (symptôme respiratoire aigu sévère) - qui avait enregistré 8096 malades, dont 774 décès, dans 26 pays dans le monde, a eu pour conséquences des pertes de productivité de 36 milliards d’euros (23,6 milliards FCFA). Aussi, en 2009-2010, la pandémie de grippe H1N1 avait touché presque toute la planète et provoqué la mort de près de 18.500 personnes. Selon le GPMB, son impact financier se situerait entre 41 et 50 milliards d’euros (soit 27 à 33 milliards FCFA). ‘’Récemment‘’, entre 2014 et 2016, avec le virus Ebola en Guinée, au Libéria et au Sierra Leone, il a été recensé plus de 28.000 personnes contaminées et plus de 11.000 décès ; ce qui a fait estimer l’impact économique et social à environ 48 milliards d’euros (31,5 milliards FCFA). Le GPMB note que les échanges commerciaux et le tourisme, qui pèsent pour 18% environ de l’économie mondiale, sont les plus affectés dans le cadre d’épidémies et de pandémies. Toutefois, au niveau mondial, si l’on considère le pourcentage de la population mondiale touchée, la crise du coronavirus est, à ce jour, l’une des pandémies les moins meurtrières (en termes de ratio décès/contamination) que le monde ait connues au cours des deux derniers millénaires. Selon toute vraisemblance, à moins que la pandémie n’évolue de manière imprévue, (le risque est encore bien réel avec l’apparition de nouvelles formes mutantes et plus contagieuses et mortelles) les conséquences du Covid-19 en termes de santé et de mortalité seront malgré tout légères (avec les vaccins enfin disponibles) par rapport aux pandémies précédentes. Le 24 Janvier 2021 (alors que l’épidémie fait toujours rage dans de nombreuses régions du monde), le Covid-19 a tué 0,028% de la population mondiale. Pour replacer ce chiffre dans son contexte en termes de mortalité, la grippe espagnole a tué 2,7% de la population mondiale et le VIH/SIDA 0,6% (de 1981 à aujourd’hui). Cependant, le Covid- 19, avec au 24 Janvier 2021 selon l’OMS, 99.577.178 cas confirmés de contaminations et 2.145.855 décès au monde, a déjà ‘’ses‘’ conséquences économiques de très loin, beaucoup plus dramatiques.
II - Impact et conséquences du Covid-19 sur l’économie mondiale
Avec la chute du mur de Berlin et l’éclatement du bloc soviétique en 1989, le monde est totalement dominé par les Etats-Unis qui, à travers son complexe militaro-industriel, son dollar et son industrie pétrolière, entre autres, pouvaient se permettre de neutraliser tout ‘’ennemi‘’ qui se dresserait sur leur chemin sans coup férir. Mais voilà qu’après plus de 30 ans de contrôle sans partage des activités militaro-économico-financières de toute la planète, un epsilonesque virus vient tout remettre en cause. Il est à présent clairement établi que, cette suprématie américaine sur le monde va désormais disparaître, avec d’abord la puissance économique. L’économie contemporaine diffère radicalement et ne ressemble en rien à celles des siècles passés qui reposaient entièrement sur la production, le travail manuel et les terres agricoles ou l’industrie lourde. Elle est aujourd’hui infiniment plus interconnectée, globalisée, entièrement numérisée, spéculative, élaborée et complexe. Elle se caractérise par un boom exponentiel de l’industrie de la communication, des avions qui relient en quelques heures n’importe quels points de la Terre, la dégradation accélérée et manifestement irréversible de la biodiversité, des mégapoles omniprésentes et tentaculaires qui abritent des millions de personnes vivant sans abris décents, sans installations sanitaires ou un minimum de commodités. Très progressivement et inévitablement, le fameux et très redouté ‘’effondrement‘’ – collaps – (du courant de pensée ‘’collapsologie‘’) gagne du terrain, s’étend à tous les pans de la vie socio-économique et va certainement voire bientôt émerger d’autres puissances…économiques, financières et technologiques (la Chine et d’autres pays dits émergents s’y activent). Pour éviter une telle ‘’humiliation‘’, les Etats-Unis (qui certainement garderont encore longtemps la puissance militaire) auront-ils d’autres choix que de recourir à leur force militaire ? Ce n’était pas impossible avec Donald Trump, mais l’arrivée à la Maison Blanche du démocrate Joe Biden (plus conciliant que son prédécesseur) semble écarter cette hypothèse. Et c’est un minuscule et invisible virus qui vient perturber toute la géopolitique et géo-économie mondiales. Tout au long de l’année 2020, nombreux étaient les commerces fermés, les grands événements annulés, les usines et transports mis au ralenti, les places boursières qui s’affolent... Au fur et à mesure que le virus poursuit son ‘’petit bonhomme‘’ de chemin, la pandémie frappe de plein fouet l’économie mondiale. Audelà des inquiétudes strictement médicales, ce cataclysme planétaire soulève des préoccupations sur le coût économique potentiel d’une épidémie mondiale. En effet, plus le virus se propage et perdure, plus l’impact sur la consommation des produits de base et l’impact économique deviennent négativement importants. Cette pandémie a perturbé de très nombreuses et énormes chaînes d’approvisionnement et provoqué la chute des investissements et de la consommation, conduisant à un ‘’risque réel et croissant de récession mondiale‘’, comme l’a affirmé le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres. Mais pour le FMI, le monde est placé en ‘’Grand confinement‘’, la pire récession économique depuis bientôt un siècle. Depuis plusieurs mois, toutes les places financières mondiales (grandes et petites) ont enregistré de nets replis en raison de la très rapide évolution de cette épidémie économiquement ‘’invalidante‘’. Les conséquences économiques de ce ‘’Grand Confinement‘’ également appelé ‘’Récession du Coronavirus‘’ (en référence à la ‘’Grande Dépression‘’ de 1929), n’ont épargné aucun continent. Si sur le plan sanitaire, les puissances occidentales tergiversent pour prendre plus au sérieux la pandémie (les vaccins découverts par certains laboratoires font l’objet d’âpres polémiques inutiles ; mais cela cache en vérité la bataille pour la capacité en ‘’Recherche et Développement‘’ pharmaceutique entre ces puissances), sur le plan économique, l’heure n’est plus aux atermoiements. Entre l’effondrement des cours du pétrole, la chute brutale des places boursières, le plongeon du commerce mondial, la disparition subite de la demande dans des pans entiers de l’économie, l’humanité pique droit dans ce qu’en géopolitique, les anglo-saxons appellent la ‘’perfect storm‘’, c’est-à-dire la ‘’grande tempête‘’ ; celle en mesure d’emporter sur son passage tous les secteurs socio-économiques. Imaginez que ce sont 9000 milliards de dollars US de valorisation boursière qui se sont volatilisés en neuf (9) jours, début mars 2020 à cause de cette pandémie ! Rappelons que lors de la crise financière de 2008 et celle des dettes souveraines en 2011, la zone Euro a payé cher ses valses-hésitations à intervenir massivement et urgemment pour éteindre l’incendie ; et avec la crise actuelle, ce serait davantage compliqué. Même si du point de vue sanitaire, l’Afrique est jusqu’ici beaucoup moins affectée (ce qui a honteusement démenti les tristes prédictions d’hécatombe d’une certaine opinion occidentale), de nombreux pays africains seront inévitablement plongés dans une grave crise économique et sociale. La situation est d’autant plus critique que nombre d’entre eux déjà très endettés, ont des économies très tributaires d’une monoproduction, en l’occurrence le pétrole. Très dépendantes du reste du monde pour leurs exportations, les économies africaines sont les premières victimes par contagion ‘’économique‘’ de cette pandémie. Selon le rapport semestriel (Avril 2020) de la Banque Mondiale, la croissance en Afrique subsaharienne devrait se rétracter fortement, passant de 2,4% à -5,1%, plongeant la région dans sa première récession en un quart de siècle. Avec l’apparition dans certains pays des 2ème et 3ème vagues (plus meurtrières), la situation est à l’échelle planétaire plus critique que jamais ; comme si le Covid-19 frappe encore plus fort la mondialisation…à son coeur. Pour faire face à cette situation et réduire les niveaux de contamination et les impacts économiques, de nombreux gouvernements (re) imposent à leurs populations de nouvelles mesures strictes de confinement à domicile, les mesures barrières, le télétravail et les restrictions de déplacement. Par ailleurs, les transports publics sont réduits, les vols nationaux et internationaux, de même que les transports ferroviaires et maritimes sont limités et les couvre- feux réinstaurés, limitant du coup toutes activités économiques nocturnes. Certes la crise du Covid-19 est d’abord sanitaire mais elle génère d’importants impacts économiques et le secteur pétrolier est l’un des plus touchés. Ce secteur traverse cette crise avec des événements sans précédent, probablement révélateurs, même en creux, de tendances profondes quant à l’ordre pétrolier futur et sa partie la plus visible, les prix.
III - Impact du Covid-19 sur l’économie pétrolière mondiale
Le pétrole étant la première source d’énergie consommée dans le monde ; il constitue environ 40% de la consommation mondiale d’énergie (suivi par ex ego par le charbon et le gaz naturel avec 25% chacun). Aucune économie moderne ne peut se passer du pétrole, ce qui nous laisse dire qu’il y’a une corrélation entre l’économie mondiale, sa croissance et cette matière première. Et pourtant, l’année 2020 a été la pire de l’histoire de l’industrie pétrolière, avec notamment le baril du WTI qui est même momentanément passé au prix négatif de -37,63 dollars US à New-York (c’était le ‘’black Monday‘’ du 20 Avril 2020), à cause de la demande qui s’est repliée à un niveau record et l’enchainement des difficultés jamais rencontrées auparavant par les entreprises pétrolières. Face à cette double crise (sanitaire et pétrolière) prolongée, les stocks et réserves ont atteint un trop-plein de pétrole brut, au point où les géants pétroliers ont donc dû se débarrasser de leur production à défaut de pouvoir la stocker ; expliquant les prix négatifs à la New-York Stock Exchange (NYSE), du jamais vu. En paralysant les plus gros importateurs et consommateurs mondiaux de pétrole, le Covid-19 s’est attaqué au coeur de l’économie planétaire. Notons que la seule Chine (durement affectée par la pandémie….du moins à ses débuts) pèse pour plus de 16% de l’économie mondiale. Une Chine ‘’en situation d’arrêt‘’, ce sont les activités économiques du monde entier qui sont directement et indirectement touchées. Le pétrole brut est à la limite en train d’entrer dans une tendance générale baissière (malgré une relative remontée des cours observée depuis Décembre 2020), dans un contexte où l’on craint de plus en plus que la pandémie de coronavirus ‘’n’écrase‘’ davantage les grandes économies pétrolières, déjà léthargiques, et n’affecte davantage le reste du monde. Pour Goldman Sachs, le leader mondial de la banque d’investissement, des marchés de capitaux et de la gestion d’actifs, la consommation mondiale de pétrole a chuté de 26 millions de barils par jour (Mb/j), ce qui équivaut à une chute de 25% de la demande globale habituelle. Par ailleurs, la chute de la demande globale qui a entraîné la chute des cours du pétrole brut liée à la pandémie a aussi entraîné celle des majors et des sociétés parapétrolières dans leurs activités. Fondée en 1870 par John D. Rockefeller sous le nom initial de Standard Oil, Exxon Mobil est actuellement dans une situation extrêmement critique. Dans la décennie 2010, la société affichait un record mondial de capitalisation, avec plus de 45 milliards dollars US ; elle a perdu 40% de sa valeur boursière durant la seule année 2020. La major américaine, qui figurait en tête des valeurs boursières en 1975 derrière IBM, vient d’être éjectée du Dow-Jones, le plus important et plus emblématique indice boursier de la place de New-York. Frappées de plein fouet par la chute de la consommation, toutes les majors pétrolières (grandes et petites) ont procédé comme Exxon Mobil à la réduction de leurs investissements dans l’exploration et la production de pétrole, et taillé dans la valeur de leurs actifs : 22 milliards dollars US pour Shell, 17,5 milliards dollars US pour BP, alors que Total a réduit la valeur de ses investissements dans les sables bitumineux (un hydrocarbure très cher à produire) de 8 milliards dollars US au Canada. Les effectifs ne sont pas non plus épargnés. Ainsi, Exxon Mobil a annoncé la suppression de 14.000 emplois, soit environ 15% du total, d’ici à la fin de 2021, Shell devrait réduire ses effectifs de 9000 employés et la française Total révélait récemment l’ouverture d’un plan de départ volontaire, qui pourrait concerner 700 emplois. En effet, plus la pandémie perdure, plus l’impact économique potentiel et l’impact sur les investissements dans l’amont pétrolier et la consommation des produits pétroliers finis seront importants. Sachez que l’exploitation et le raffinage du pétrole génèrent annuellement l’astronomique chiffre d’affaires de 2000 milliards d’euros (1.310.000 milliards FCFA !).
IV - Impact du Covid-19 sur les économies africaines
A des degrés divers, tous les pays du monde sont touchés, et l’Afrique bien que jusqu’ici relativement épargnée, subit les redoutables contrecoups économiques et sociaux de cette pandémie.
Cette situation vient malheureusement de mettre à nu l’irresponsabilité de certains dirigeants et surtout l’inadéquation de leurs choix aux priorités nationales et aux urgences du développement de nos Etats malades,… malades surtout de leur leadership. Il importe d’être très clair : aucun des maux actuels de l’Afrique n’a été provoqué par le coronavirus, leur origine se trouvant dans la crise structurelle qui secoue le continent depuis la décennie des indépendances, mais exacerbée par les ‘’Programmes d’Ajustement Structurel‘’ des années 1980 et la piètre gouvernance économique et politique des dirigeants actuels. Nous avons souvenance qu’en 2000, soit un peu plus de 20 ans avant le Covid-19, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés par les Nations Unies, actèrent qu’aucun recul de la pauvreté africaine ne pouvait être envisagé sans un minimum de croissance annuelle de 7% soutenue durant plusieurs années (notons que les taux de croissance ne riment pas systématiquement avec le développement). Or, année après année, il a manqué à l’Afrique entre 3 et 4% de croissance pour atteindre cet objectif. Résultat, loin de se combler, et en dépit des sommes colossales déversées par les pays riches, la pauvreté africaine a continué à augmenter. Le Covid-19 n’y est donc pour rien ; il en est seulement le révélateur et l’accélérateur, pas la cause. Certains pays qui, en ce moment, sombrent économiquement, socialement et politiquement font du coronavirus le ‘’bouc émissaire‘’. Subtilement, le Covid-19 est utilisé comme prétexte par certains dirigeants pour écarter leurs responsabilités ou même s’en dédouaner de leur très mauvaise gouvernance. Mieux, c’est l’occasion pour certains d’élaborer dans la précipitation et sur aucune base objective, des requêtes de financement de plusieurs milliards de dollars US à soumettre aux traditionnels bailleurs dans le cadre de la riposte contre le Covid-19. De nouveaux programmes de développement, les révisions des budgets, et même un Plan Marshall pour l’Afrique désormais liés à la riposte contre le Covid-19 sont imaginés ; l’essentiel étant de s’en mettre plein les poches. Rappelons que déjà le 8 juillet 2017, lors du 12ème Sommet du G20 à Hambourg (Allemagne), Emmanuel Macron a tourné quelque peu en dérision avec des propos ‘’impoliment‘’ insultants et méprisants, en réponse à l’insistance de certains Chefs d’Etat pour la mise en place d’un Plan Marshall pour l’Afrique. Des mesures farfelues (dont entre autres la prise en charge par l’Etat de certaines factures d’eau et d’électricité ; ce qui s’est avéré un fieffé mensonge) sont annoncées pour soudoyer les bailleurs de fonds et les populations. A un moment, toute activité socio-économique est arrêtée…. la nouvelle trouvaille est le Covid-19. L’occasion fut saisie et le Covid-19 a eu un effet d’aubaine pour des gouvernements contestés – et souvent contestables – qui y ont vu un moyen pratique de faire taire les oppositions politiques (par le confinement, les couvre-feux et les interdictions de manifestations et de réunions) et aussi faire du marketing politique. Sur le plan de la communication, tout le gouvernement s’y met et les chaînes de télévisions publiques consacrent l’essentiel de leurs émissions quotidiennes au sujet. Aujourd’hui encore, même s’il est difficile de prévoir les conséquences sanitaires qu’aura la pandémie de Covid-19 en Afrique, tout indique que les économies de la région seront durement affectées. Les premières évaluations du FMI ont été claires ; la pandémie du Covid-19 a plongé l’économie mondiale et avec elle, les économies des pays africains dans une profonde récession. En ce début d’année 2021, le Covid-19 continue ses ravages multiformes (humains, économiques,…). Aussi, la recrudescence de nouveaux cas dans de nombreux pays et la menace de vagues récurrentes de contamination dans tous nos pays donnent à penser que la pandémie restera une préoccupation pour un moment. Malgré une croissance économique modérée estimée à 3,1%, l’Afrique demeure vulnérable à un environnement externe de plus en plus difficile, caractérisé entre autres par un ralentissement des échanges externes, la baisse des prix du pétrole, les incertitudes liées au Brexit et l’actuelle recrudescence des cas de nouvelles variantes plus mortelles du Covid-19. Les pays qui ambitionnent de relancer leur économie disposent aujourd’hui de ressources moins abondantes et devront probablement opérer des choix difficiles. D’après les tendances actuelles, les pays africains risquent d’accuser des déficits de financement considérables et, en l’absence d’un surcroît d’aides financières massives, de nombreux pays peineront à préserver leur stabilité macroéconomique. La crise du Covid-19 va révéler de nouveaux rapports de force politique pour le contrôle et la gouvernance de certains Etats, pendant et après la crise. Mais, selon toute vraisemblance, il est au moins une catégorie de pays africains qui en sentent depuis, les terribles conséquences, voire des menaces ; ce sont les producteurs de pétrole.
Par Ing. Mahaman Laouan Gaya,
Expert International en Industries et Politiques Pétrolière et Energétique,
Ancien Ministre,
Ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO)