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Le bétail africain a prospéré grâce à l’apport d’un cousin asiatique

Une étude scientifique retrace le parcours d’adaptation de bovidés et recommande de nouveaux croisements pour « garantir » la sécurité alimentaire du continent.
Le bétail africain, essentiel à l’économie de nombreuses populations du continent, a prospéré grâce au croisement avec une espèce d’origine asiatique, qui lui a permis de supporter des climats divers et des attaques sanitaires éprouvantes, selon une étude parue lundi 28 septembre.
De nos jours, la majorité des bœufs africains sont des races à bosse, issues du croisement de deux espèces d’origine distinctes, Bos taurus et Bos indicus.

On trouve des traces de la première, qui est dépourvue de bosse, dans l’actuel Soudan dès 7 000 ans avant notre ère. Ses membres ont gagné ensuite la corne du continent, à l’est, et l’Afrique de l’Ouest. La deuxième espèce, couramment appelée zébu et dotée d’une bosse, n’est arrivée que bien plus tard, environ 700 ans après le début de notre ère, débarquée sur les rives de la mer Rouge et de l’océan Indien à la faveur de l’islamisation de la corne de l’Afrique. Puis il a fallu au moins deux ou trois siècles pour que la nature et les déplacements de populations pastorales fassent le reste, selon les auteurs de l’étude publiée dans Nature Genetics.
Un de ses co-auteurs, Steve Kemp, professeur en génétique tropicale à l’Université d’Edimbourg, a qualifié ce croisement de « coup de fouet de l’évolution », en décuplant l’adaptabilité de ces animaux à un environnement difficile.

Génome de seize races
De Bos taurus, les descendants ont hérité de traits génétiques leur conférant une bonne résistance aux climats chauds humides, et une tolérance à une maladie parasitaire véhiculée par la mouche tsé-tsé, la trypanosomiase. Plus connue sous le nom de maladie du sommeil, elle reste un fléau, dans ses différentes formes, pour les bovidés comme pour les humains.
Pour sa part, Bos indicus a transmis à leur descendance commune une bonne résistance au climat chaud et sec, typique de la corne de l’Afrique, ainsi qu’aux attaques de tiques.
L’importance du bétail dans l’économie pastorale africaine reste majeure, souligne l’étude, en rappelant qu’il procure alimentation, engrais et source d’énergie, sans oublier son rôle fréquent de dot pour les mariages.

Les auteurs de l’étude, « recommandent de nouveaux croisements de bétail africain avec des races exotiques comme l’une des voies à suivre pour garantir la sécurité alimentaire du continent ».
L’étude a été menée par une équipe internationale d’universitaires d’Addis-Abeba, Nairobi, Khartoum, Séoul, Edimbourg et Uppsala. Ils ont étudié le génome de 172 bœufs appartenant à seize races, dont les très répandues sanga, zanga et zébu africains.

Le Monde avec AFP

24 octobre 2020
Source : https://www.lemonde.fr/afrique