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L’Afrique revendique son tour à la tête de l’OMC : Deux candidates africaines sont en lice pour diriger l’institution, alors que la part du continent dans le commerce mondial a été divisée par deux depuis les années 1970.

De gauche à droite : la Kényane Amina Mohamed et la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, candidates à la direction générale de l’OMC.
De gauche à droite : la Kényane Amina Mohamed et la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, candidates à la direction générale de l’OMC.

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Depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il y a vingt-cinq ans, jamais un Africain ni une femme n’a dirigé l’institution. Cela sera-t-il un argument décisif pour l’ancienne ministre nigériane des finances, Ngozi Okonjo-Iweala, ou l’actuelle ministre kényane des sports, Amina Mohamed ? Toutes deux sont restées en lice à l’issue de la première sélection, qui s’est achevée vendredi 18 septembre à Genève, pour la désignation du prochain directeur général du gendarme des échanges mondiaux. Un troisième candidat africain, l’Egyptien Hamid Mamdouh, seul concurrent pourtant officiellement adoubé par l’Union africaine (UA), n’a pas été retenu.

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La Nigériane et la Kényane, imposées tardivement par leurs pays respectifs – quitte à offrir l’image d’un continent désuni au moment où celui-ci revendique son tour à la tête de l’OMC –, affronteront trois autres prétendants : la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee, le Saoudien Mohammad Al-Tuwaijri et le Britannique Liam Fox. Début octobre, le couperet devrait tomber pour trois de ces cinq candidats, avant la nomination du vainqueur, prévue en novembre. Mais que peuvent attendre les Africains d’une institution déclinante, minée par la défiance et dans laquelle leurs voix ont toujours été peu écoutées ?

Bataille contre les subventions agricoles

La part du continent dans le commerce mondial est passé de 4,8 % au début des années 1970 à 2,5 % aujourd’hui, selon les statistiques de l’OMC. Avec son 1,2 milliard d’habitants et ses 54 pays, il ne pèse pas davantage que le Royaume-Uni. L’Afrique est restée en marge de cette « libéralisation des échanges dans l’intérêt de tous » promise par l’OMC dans son mandat. « L’OMC n’a pas facilité l’entrée de l’Afrique dans le commerce mondial alors qu’il devenait le moteur de l’économie, constate l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes. La production organisée autour de chaînes de valeur globalisées a donné l’avantage aux activités protégées par des droits de propriété intellectuelle. Les pays qui détiennent les matières premières, même stratégiques comme en Afrique, ont été les perdants. »

Au début des années 2000, le cycle de négociations de Doha, dit du « développement » et censé combler ce déséquilibre, a vite tourné court. Les sujets soulevés à l’époque, à commencer par les pratiques déloyales barrant l’accès des pays les plus pauvres aux marchés mondiaux, sont toujours sur la table. Lorsqu’ils ont trouvé un début de solution au terme de sinueuses et interminables discussions, leur mise en œuvre est restée inachevée, comme dans le cas des subventions à l’exportation des produits agricoles. L’élimination des aides à la pêche, lancée en 2001, fait toujours l’objet de débats. « L’ensemble des dispositifs de dumping directs ou indirects pratiqués par les grandes économies dans le domaine agricole entravent l’accès des produits africains au marché mondial, en même temps qu’ils rendent difficile l’émergence de marchés domestiques dans ces pays. L’OMC n’a pas su remédier à cela et c’est le grand défi qui est devant elle », observe Junior Davis, directeur du département Afrique de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

Laurence Girard

18 octobre 2020
Source : https://www.lemonde.fr/afrique/