4è Journée Culturelle Nigérienne du CONIF : Entre mémoire et culture

La quatrième édition de la Journée Culturelle Nigérienne du Conseil des Nigériens de France (CONIF) aura tenu toutes ses promesses. Eclectisme, qualité étaient au rendez-vous pour cet évènement qui célèbre chaque 24 avril, la Journée de la Concorde au Niger.

Après trois ans d’interruptions pour cause de COVID, la JCN est revenue cette année à Cergy après l’édition de Massy en 2019. L’attente de ce rassemblement était palpable depuis de mois, événement que personne ne veut rater. De nombreux compatriotes et amis du Niger avaient fait le déplacement des quatre coins de la France métropolitaine mais aussi d’autres pays européens (Belgique, Allemagne, Italie, Suisse) pour se retrouver, communier mais aussi nouer de relations dans une atmosphère d’allégresse dans cette fête de l’unité et de la concorde nigériennes. Le CONIF a tenu enfin à associer à cette fête les amis africains et les Congolais de la RDC comme pays-invité.

L’impressionnante salle de spectacle Le Douze de cette cité du Val d’Oise en région parisienne était prise d’assaut dès le matin pour assister au prologue de la Journée avec la traditionnelle conférence. Placée sous le thème « ¨Paix et sécurité au sahel, commençons par la culture ! », les débats animés par Aboubakar Lalo, Vice-Président du CONIF et analyste des questions de sécurité ont été menés par le Professeur André Bourgeot, anthropologue et sociologue, spécialistes des sociétés du Nord Mali et Niger ainsi que de notre compatriote Seidik Abba, journaliste-écrivain, expert sur les problématiques de terrorisme au Sahel. La question de sécurité est devenue prégnante depuis 2012 au Sahel, un sujet de préoccupation transnationale à laquelle nos peuples sont très sensibilisés.

Il est utile de rappeler que les diasporas des pays du G5 Sahel, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Ghana, de la Guinée, du Cap-Vert, du Congo, du Cameroun, d’Algérie et du Maroc ont été conviés à cet évènement aux couleurs panafricaines en plus de réfléchir sur cette thématique qui intéresse à de degrés divers nos pays respectifs.

Après un état de lieux dressé par M. Abba sur la complexité du terrorisme qui sévit depuis 10 ans sous nos latitudes et surtout son acuité dans la « zone des 3 frontières », le conférencier a exposé son point de vue sur les pistes pour juguler la menace qui s’étend progressivement vers les pays du Golfe de Guinée. Le Professeur émérite de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales André Bourgeot a axé son intervention sur les mécanismes sociaux à travers les constances comme l’Islam, les groupes ethniques et les pratiques culturelles qui concourent à atténuer les tensions et voire servir de soubassements à les résoudre.

Les discours institutionnels qui ont suivi cette conférence (très suivie) ont insisté sur la question de la cohésion : l’ambassadrice du Niger en France, SE Mme Aichatou Kané Boulama a centré son message sur l’unité et la solidarité qui doivent prévaloir dans la communauté nigérienne en toutes circonstances ; quant à l’ambassadeur sortant du Tchad SE M. Kedallah Younous Hamidi, il n’a pas caché son admiration, la qualité des relations mais aussi sa proximité avec le Niger au-delà de son émerveillement devant ce gigantesque événement par l’organisation faitière de la Diaspora nigérienne. Les représentants du pays-invité de cette année, la RDC, avec à sa tête le Président de la Plateforme des Congolais de France (PACOF), Jean Butshie s’est dit honoré d’être invité par les Nigériens, une invite à nos autorités à établir et à renforcer les relations officielles entre les deux pays qui partagent quelques points communs. Le président du CONIF Adam Oumarou a terminé son allocution sur le respect des institutions qui doit nous guider dans toutes les actions de la communauté nigérienne établie en France.  

Le CONIF a tenu à rendre hommage à des hommes de culture pour leur contribution inestimable à la promotion des valeurs qui fondent nos identités et notre savoir-faire : c’est ainsi que l’ambassadeur Inoussa Ousseini, représentant du Niger à l’UNESCO a été honoré à titre posthume. Cinéaste, diplomate, homme politique, SE M. Inoussa Ousseini a incarné toute cette générosité en accompagnant le CONIF et en distillant sa sagesse dans la transmission du savoir. Un insigne lui été décerné et remis à la famille par l’ambassadrice du Niger à Paris.

Le deuxième hommage sous forme de « CONIF d’or » a été attribué à Lawa Aboubacar, par ailleurs chargé culturel de l’association. Cette distinction récompense l’apport du récipiendaire dans la promotion de la culture nigérienne : danseur et chorégraphe, il est encore connu en France pour avoir lancé, il y a 17 ans, le Festival « Wassa’n Africa » de Launac (près de Toulouse) où de nombreux artistes africains et européens (et de grands noms !) se produisent dans une ambiance champêtre chaque année en début juillet.

Le clou de la Journée Culturelle Nigérienne du CONIF de Cergy a été la prestation des artistes venus spécialement du Niger et du Luxembourg. Après avoir découvert la troupe instrumentale de tambours congolais où les masques rares étaient de sortie, le public a pu admirer les grands noms de la chanson nigérienne qui ne sont plus à présenter : après le slam introductif du « régional de l’étape » Koye, Nourath la Debboslam a enchanté les 800 personnes présentes suivie des sons jazzy et de flutes de Yacouba Moumouni « Denké-Denké » et Jean-Luc autour de leur projet Serendou, métissage musical entre Bretagne et Niger ; la voix chaloupée et romantique de Ali Mastaer alterne avec celle plus évocatrice de Ali Atchibili aux couleurs historiques et mémorielles de « Damagaram » où s’égrènent les Sultans de Zinder et de leurs hauts faits d’arme. Le charismatique guitariste Oumara Moctar dit Bombino (nominé aux Grammy Awards 2019), rejoint aux chœurs par la comédienne et chanteuse Toulou Kiki, a « enjaillé » la foule des inconditionnels venus nombreux des quatre coins de l’Europe. Toutes ces prestations ont été agrémentées par un défilé de costumes nigériens suivi de la présentation de la Miss Niger France 2023 au public.

Le grand styliste Alphadi qui accompagne le CONIF pendant de nombreuses années a mis à disposition des sacs de valeur pour une tombola au cours de l’événement. Le partenaire historique, le Forum des organisations des populations issues des migrations (FORIM) a tenu à travers son équipe technique et ses membres-pays à être présents comme toujours aux activités de l’association.

 

Cette Journée Culturelle Nigérienne a été également placée sous le thème de la mémoire avec l’ « Exposition Zinder 1900 », mettant en scènes des photos d’époque d’archives des administrateurs coloniaux où le portrait du sultan Ahmadou Dan Bassa côtoie celle des autres dignitaires du palais construit sous Tanimoune et du canon de défense de la ville fortifiée. La mise à l’honneur de Zinder traduit de cette volonté de faire connaitre la grande Histoire, de s’en approprier et d’en faire un élément de fierté à travers cette exposition inaugurée en décembre 2018 lors de « Zinder Sabuwa » et coordonnée par l’historienne du CNRS Camille Lefevre et de l’ancien maire de Zinder III Laminou Issaka Brah. Par ailleurs, une tenue de dignitaire « aljabba » (pièce rare), sertie de filaments dorés et gracieusement prêtée par le Sultan de Zinder a été présentée au public.

Nigerdiaspora, un partenaire d'une valeur inestimable, s'était associé avec enthousiasme à la 4ème Journée Culturelle Nigérienne du CONIF, offrant une promotion remarquable pour cet événement exceptionnel de la diaspora nigérienne.

Enfin le public a pu savourer dans une sorte de découverte gastronomique, de plats typiques nigériens (dambou, poulet, agneau marinés) proposés par le traiteur Halima Sanda en guise de déjeuner.

© CONIF 2023

Aboubakar LALO

 

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